Le gouvernement provincial du Kongo-Central a finalement rompu son silence face à la tempête médiatique qui secoue la province depuis plusieurs jours. La polémique autour du prétendu contrat Manews Kongo Central, présenté comme s’élevant à plus de 6 millions de dollars américains, a contraint l’exécutif provincial à sortir de sa réserve habituelle pour apporter des clarifications indispensables.
Dans une mise au point rendue publique ce 19 novembre, Jean-Malongo Nzeza, ministre provincial de la communication et porte-parole du gouvernement, a adopté une position ferme pour démentir toute irrégularité dans ce dossier sensible. « Le tableau de 6.474.381 USD qui circule sur les réseaux sociaux est présenté comme un marché final contracté par la société Manews avec l’exécutif provincial. Mais il s’agit simplement d’une offre initiale formulée lors du montage du projet », a-t-il précisé, marquant ainsi une distinction cruciale entre les documents techniques de conception et les engagements contractuels définitifs.
La clarification apportée par le porte-parole gouvernemental soulève plusieurs interrogations sur les mécanismes de contrôle de l’information dans l’espace public. Comment une simple offre technique a-t-elle pu être présentée comme un marché finalisé ? Cette confusion relève-t-elle d’une simple méprise ou cache-t-elle des intentions plus obscures visant à discréditer l’action gouvernementale ? La polémique gouvernement Kongo Central semble reposer sur un malentendu documentaire, mais elle révèle surtout la fragilité des institutions face aux rumeurs circulant sur les plateformes numériques.
Sur le fond du dossier, le ministre a procédé à une rectification substantielle concernant les montants évoqués. Les 6,4 millions de dollars américains présentés comme ayant été débloqués n’ont, selon ses déclarations, jamais été octroyés. « La banque n’a accepté que 4 millions USD, et ce sont ces 4 millions qui ont servi à l’achat des engins déployés lors du lancement des travaux », a-t-il affirmé, réduisant ainsi considérablement l’envergure financière initialement décriée.
Le porte-parole a par ailleurs rappelé les antécédents de collaboration entre la province et la société Manews, soulignant que cette entreprise « a eu à exécuter plusieurs marchés depuis 2020, sous l’ancien ministre des Finances ». Cette précision vise manifestement à légitimer le choix de ce partenaire économique, tout en insistant sur la continuité administrative au-delà des changements politiques.
Le lancement des travaux de réhabilitation routes Kongo Central par la gouverneure Grâce Masuangi Nkuanga Bilolo constitue un moment politique crucial pour l’exécutif provincial. L’utilisation des engins acquis dans le cadre de ce financement revêt une symbolique forte, matérialisant aux yeux des citoyens les promesses de développement infrastructurel. Mais cette démonstration de capacité opérationnelle suffira-t-elle à apaiser les suspicions ?
Sur le front institutionnel, Jean-Malongo Nzeza a tenu à rassurer quant à la volonté de collaboration du gouvernement avec l’Assemblée provinciale. « Le gouverneur souhaite simplement que les choses se fassent conformément au règlement intérieur. Nous demandons à la population de ne pas céder à la manipulation », a-t-il déclaré, tout en promettant que « tous les documents seront mis à la disposition du Bureau de l’Assemblée provinciale en temps utile ».
Cette déclaration interpelle sur les relations entre l’exécutif et le législatif provincial. Le gouvernement joue-t-il la transparence ou utilise-t-il les procédures règlementaires comme instrument de temporisation ? La promesse de communication des documents « en temps utile » plutôt qu’immédiate peut-elle satisfaire une opinion publique déjà méfiante ?
Au-delà des aspects techniques et financiers, cette affaire met en lumière les défis de gouvernance auxquels fait face la province du Kongo-Central. La gestion des contrats Manews Kongo Central devient ainsi le révélateur des tensions entre exigences de développement, impératifs de transparence et réalités politiques. L’équilibre entre efficacité administrative et contrôle démocratique reste un exercice délicat pour les autorités provinciales.
La sortie médiatique du gouvernement provincial constitue une tentative de reprendre le contrôle du narratif politique. Mais dans un contexte marqué par la défiance citoyenne et la viralité des informations, les clarifications techniques suffiront-elles à restaurer la confiance ? La gestion de cette crise communicationnelle pourrait bien déterminer la capacité de l’exécutif à mener à bien son programme de réhabilitation routes Kongo Central, essentiel pour le développement économique de la région.
Les prochains jours seront déterminants pour mesurer l’impact de ces explications sur l’opinion publique et les institutions de contrôle. La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée provinciale, qui devra évaluer la pertinence des clarifications apportées tout en préservant son rôle de contre-pouvoir démocratique. L’équilibre des institutions provinciales se joue peut-être dans cette affaire en apparence technique, mais profondément politique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net
