La province du Maï-Ndombe se trouve à la croisée des chemins, tiraillée entre des velléités de stabilité institutionnelle et des tensions politiques persistantes. La suspension récente des motions de défiance par le gouvernement central aura-t-elle l’effet apaisant escompté ? Le gouverneur Nkoso Kevani, de retour à Inongo après des consultations avec le Vice-Premier Ministre de l’Intérieur, tente de reprendre la main sur une situation politique volatile.
Dans un discours prononcé samedi dernier devant ses partisans, le chef de l’exécutif provincial a déployé une stratégie de communication aussi ferme que calculée. Appelant à « taire les divergences » et à « œuvrer ensemble pour le développement », Nkoso Kevani semble vouloir tourner la page des récentes turbulences institutionnelles. Mais derrière ces appels à l’unité se cache une réalité politique plus complexe, marquée par des accusations réciproques et des rapports de force non résolus.
Le gouverneur, directement mis en cause pour des présumés détournements, a adopté une posture offensive. « Si quelqu’un vous dit que Nkoso Kevani a volé, c’est lui-même le voleur », a-t-il lancé, dans une formule choc destinée à retourner l’accusation contre ses détracteurs. Cette réplique, qui pourrait apparaître comme une simple réaction défensive, s’inscrit en réalité dans une stratégie plus large de reconquête de l’espace politique provincial.
La motion de défiance déposée contre le gouverneur, bien que jugée « superfétatoire » par le Bureau de l’Assemblée provinciale, révèle les profondes fractures qui traversent les institutions du Maï-Ndombe. L’argument juridique avancé pour rejeter cette initiative – la violation de l’acte d’engagement exigeant un contrôle préalable – masque difficilement les réalités politiques sous-jacentes. Le gouvernement central, en suspendant l’ensemble des procedures de déchéance, a temporairement préservé Nkoso Kevani, mais pour combien de temps ?
L’appel du gouverneur à la jeunesse, les enjoignant de « ne pas se laisser manipuler à des fins politiques », témoigne d’une préoccupation plus large : la crainte d’une instrumentalisation des mouvements sociaux dans le cadre des luttes de pouvoir provinciales. Cette mise en garde, bien que légitime en principe, interroge sur la nature des manipulations dénoncées et sur les acteurs qui les orchestrent.
La promesse de « faire régner l’État de droit » dans cette partie de la République sonne comme un engagement nécessaire, mais dont la mise en œuvre concrète reste à démontrer. Le développement provincial, thème central du discours du gouverneur, peut-il véritablement émerger dans un climat de défiance institutionnelle persistante ? La réponse à cette question déterminera l’avenir politique du Maï-Ndombe pour les mois à venir.
Dans ce contexte de tensions politiques au Maï-Ndombe, la stratégie de Nkoso Kevani apparaît double : d’une part, se présenter comme un rassembleur au-dessus des querelles partisanes ; d’autre part, contrer frontalement les accusations qui pourraient fragiliser son autorité. Cette approche, si elle permet dans l’immédiat de consolider sa position, suffira-t-elle à résoudre l’instabilité des institutions provinciales ?
La motion de défiance suspendue mais non annulée plane toujours comme une épée de Damoclès au-dessus de l’exécutif provincial. Le gouverneur joue donc une partie délicate, tentant de transformer une trêve politique en stabilité durable. Son engagement à « recevoir tous ceux qui veulent le développement du Maï-Ndombe » constituera le véritable test de sa capacité à dépasser les clivages et à impulser une dynamique constructive.
Les prochaines semaines révéleront si cette offensive de charme politique portera ses fruits ou si, au contraire, les tensions ressurgiront avec plus de virulence. Le développement provincial tant annoncé dépendra largement de la capacité des différents acteurs à transcender leurs intérêts immédiats au profit d’une vision commune. Dans cette équation complexe, la jeunesse du Maï-Ndombe, souvent instrumentalisée dans les bras de fer politiques, pourrait bien devenir l’arbitre ultime de cette lutte d’influence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
