Trois jours seulement après l’hommage rendu à l’une des leurs, les étudiants de Butembo et Lubero ont repris le chemin des amphithéâtres ce lundi 17 novembre. Comment cette reprise s’effectue-t-elle dans un contexte encore marqué par l’émotion et les préoccupations sécuritaires ? La communauté estudiantine du Nord-Kivu tente de concilier deuil, revendications et impératifs académiques.
La suspension des activités académiques décrétée jeudi, vendredi et samedi derniers avait profondément marqué le paysage universitaire de la région. Cette mesure prise par la Représentation des étudiants du Congo (REC) de Butembo-Lubero visait à honorer la mémoire de Kavira Vyaghula Rosette, jeune étudiante en section Sage-femme à l’Institut supérieur des techniques médicales (ISTM/Butembo). La tragédie survenue au marché de Musimba, où cette dernière a perdu la vie lors d’un échange de tirs entre factions de miliciens wazalendo, continue de hanter les esprits.
« La poursuite des démarches pour une justice pour notre camarade se fera tout en suivant régulièrement les cours », a affirmé Isingoma Bahemuka Seth, président de la REC Butembo-Lubero. Cette déclaration traduit la difficile équation que doivent résoudre les étudiants : comment maintenir la pression pour obtenir justice tout en préservant leur avenir académique ?
La reprise des cours à Butembo intervient dans un climat mitigé. D’un côté, la nécessité de rattraper le temps perdu après cette suspension des activités académiques à Lubero et Butembo. De l’autre, la persistance des inquiétudes sécuritaires qui avaient motivé le mouvement de protestation. Les établissements supérieurs et universitaires de la région retrouvent progressivement leur animation habituelle, mais l’ombre du drame récent plane toujours.
Lors de la manifestation organisée vendredi dernier, la REC avait déposé un mémorandum à l’hôtel de ville de Butembo. Le document insistait particulièrement sur l’impérieuse nécessité de déguerpir les miliciens wazalendo cantonnés à proximité des sites universitaires. Les étudiants estiment que la présence de ces groupes armés compromet gravement la quiétude nécessaire aux apprentissages et expose la population estudiantine à des dangers permanents.
La question de sécurité des étudiants du Nord-Kivu dépasse le simple cadre universitaire. Elle interpelle l’ensemble des acteurs sociaux et politiques de la région. Les miliciens wazalendo à Butembo représentent-ils une menace réelle pour la poursuite sereine des études supérieures ? Les autorités locales et académiques parviendront-elles à créer les conditions d’une sécurité durable autour des sites universitaires ?
Au-delà des revendications immédiates, c’est tout le système éducatif du Nord-Kivu qui se trouve interrogé. L’ISTM Butembo, comme les autres institutions d’enseignement supérieur de la région, peut-il véritablement fonctionner dans un environnement où la sécurité des apprenants n’est pas garantie ? La reprise des cours ne doit pas signifier l’abandon des exigences de sécurité portées par le mouvement estudiantin.
Le comité estudiantin avait également appelé la justice à identifier les auteurs du drame et à les poursuivre. Cette exigence de justice reste au cœur des préoccupations, même si les cours ont repris. Les étudiants entendent maintenir la vigilance sur ce dossier, tout en respectant leurs obligations académiques.
La situation à Butembo et Lubero pose des questions fondamentales sur le droit à l’éducation dans un contexte d’insécurité. Comment concilier le nécessaire retour à la normale académique avec les légitimes préoccupations sécuritaires ? La réponse devra venir d’un engagement collectif incluant autorités académiques, administratives et sécuritaires.
Alors que les étudiants du Nord-Kivu reprennent le chemin des amphithéâtres, un défi majeur se profile : transformer cette reprise en véritable renaissance académique, où la sécurité et la quiétude deviendraient les piliers fondamentaux de l’environnement universitaire. Le chemin reste long, mais la détermination estudiantine semble intacte.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
