Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a officiellement requis l’ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre du président du bureau de l’assemblée provinciale de la Tshopo, Mateus Kanga, dans une affaire de corruption et de détournement de fonds publics présumés. Cette démarche institutionnelle, matérialisée par une lettre en date du 11 novembre 2025 adressée à l’ensemble des membres du bureau provincial, marque une étape décisive dans le traitement judiciaire de ce dossier sensible.
La procédure engagée par le procureur général s’appuie sur le fondement juridique de deux plaintes distinctes déposées contre l’élu provincial. La première émane de Lambert Kankolongo, délégué du parti Mouvement Congo en avant, tandis que la seconde a été formulée par Chadrac Yangambi. Ces deux plaignants, agissant séparément, dénoncent des faits similaires impliquant directement Mateus Kanga dans des agissements contraires à la loi.
L’élément probant central de cette affaire réside dans la diffusion d’une vidéo compromettante où Mateus Kanga reconnaît avoir participé, avec ses collègues députés provinciaux, à la distribution d’une somme substantielle de 200 000 dollars américains. Ces fonds, selon les documents annexés aux plaintes, proviendraient du Fonds de réparation et d’indemnisation des victimes des activités illicites de l’Ouganda (FRIVAO), initialement destiné à la construction des bureaux des députés provinciaux. Comment des fonds destinés à la réparation des préjudices des victimes ont-ils pu être détournés vers des distributions illicites ?
Dans son réquisitoire préliminaire, le procureur général Firmin Mvonde estime que les faits dénoncés sont suffisamment graves pour caractériser les infractions de détournement de fonds publics et de corruption, telles que prévues et réprimées par la législation congolaise en vigueur. Le magistrat souligne particulièrement l’importance pour Mateus Kanga de pouvoir présenter sa version des faits devant l’assemblée provinciale, conformément aux dispositions procédurales applicables aux élus.
La gravité des allégations pesant sur le président de l’assemblée provinciale de la Tshopo ne saurait être sous-estimée. Le détournement des fonds du FRIVAO, mécanisme destiné à compenser les souffrances des victimes des conflits frontaliers, représente une violation particulièrement grave de la confiance publique. Cette affaire de corruption dans la Tshopo intervient dans un contexte national de lutte renforcée contre les détournements de fonds publics en RDC.
En réponse à cette initiative du ministère public, le président de l’assemblée provinciale a fait savoir, par voie de communiqué, que la procédure légale serait strictement respectée. Cette position implique que le procureur général Firmin Mvonde devra présenter les motivations détaillées de sa demande devant l’ensemble des députés provinciaux réunis en séance plénière. C’est seulement après cet exposé que les élus de la Tshopo pourront se prononcer en connaissance de cause sur la suite à donner à cette requête.
La procédure d’autorisation d’ouvrir une instruction contre un élu provincial obéit à des règles strictes définies par le règlement intérieur de l’assemblée et les textes légaux régissant le statut des élus. Les députés de la Tshopo se trouveront ainsi dans l’obligation d’examiner scrupuleusement les éléments fournis par le procureur général avant de se déterminer par un vote. Cette décision collective engage la responsabilité politique de l’ensemble de l’institution provinciale.
L’affaire Firmin Mvonde contre Mateus Kanga s’inscrit dans le cadre plus large des efforts déployés par les autorités judiciaires congolaises pour lutter contre la corruption des élus. Le détournement présumé des fonds du FRIVAO soulève des questions fondamentales sur les mécanismes de contrôle des finances publiques au niveau provincial. Quelles garanties peuvent être mises en place pour prévenir de tels détournements de fonds publics à l’avenir ?
Les développements de cette procédure judiciaire seront observés avec attention par l’ensemble de la classe politique congolaise, alors que plusieurs affaires similaires de corruption impliquant des élus provinciaux ont émergé récemment dans différentes régions du pays. La décision qui sera prise par l’assemblée provinciale de la Tshopo constituera un précédent significatif pour le traitement judiciaire des affaires de détournement de fonds publics en RDC.
La prochaine étape procédurale consistera en la convocation extraordinaire des députés provinciaux pour examiner la requête du procureur général. Cette séance plénière, dont la date n’a pas encore été fixée, déterminera si Mateus Kanga devra ou non faire face à une instruction judiciaire formelle pour les faits de corruption et de détournement qui lui sont reprochés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
