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Reconnaissance du génocide congolais : la CADHP donne raison à Kinshasa

Dans un contexte diplomatique tendu, la République Démocratique du Congo enregistre une victoire symbolique majeure sur la scène continentale. La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), accompagnée de la société civile africaine, a officiellement reconnu le génocide congolais lors de sa 85ᵉ session ordinaire. Cette décision historique, intervenue dans l’enceinte prestigieuse de la Cité de l’Union africaine, représente un tournant dans le long combat mémoriel que mène Kinshasa depuis des années.

La Première ministre Judith Suminwa Tuluka, dans une déclaration solennelle lors du Conseil des ministres du 14 novembre, n’a pas caché sa satisfaction face à cette reconnaissance continentale. « Cette démarche s’inscrit dans une stratégie globale et progressive de plaidoyer en faveur de la reconnaissance internationale du Genocost », a-t-elle affirmé, soulignant le caractère systématique de l’approche gouvernementale. Le gouvernement congolais joue ici une partie d’échecs diplomatique où chaque reconnaissance constitue un pion supplémentaire vers l’objectif ultime : la consécration internationale.

Sur quoi se fonde cette reconnaissance ? La CADHP s’est appuyée sur des preuves tangibles, notamment le rapport accablant du Projet Mapping des Nations Unies et divers rapports d’experts internationaux. Ces documents détaillent les violations graves et massives des droits de l’homme commises en RDC, qualifiées sans ambages de crimes internationaux. La Commission et le Forum des ONG ont adopté séparément deux résolutions qui condamnent clairement et sans équivoque le génocide perpétré en terre congolaise. Une base juridique solide qui donne du poids à la position congolaise.

Mais au-delà des considérations juridiques, quel est l’enjeu politique réel ? Le gouvernement Tshisekedi instrumentaliset-ils cette reconnaissance à des fins diplomatiques ? La question mérite d’être posée. En brandissant cette reconnaissance continentale, Kinshasa espère contraindre la communauté internationale à sortir de son silence complice. Le timing n’est pas anodin : cette annonce intervient à l’approche du troisième anniversaire de l’institution de la Journée nationale du Genocost, commémorée chaque 2 août.

La stratégie apparaît d’autant plus habile qu’elle s’appuie sur un réseau institutionnel bien rodé. Judith Suminwa a tenu à féliciter le ministre des Droits humains ainsi que les équipes de la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes (CIA-VAR) et du Fonds national des réparations (FONAREV). Ces structures, mises en place dans le cadre de la loi du 26 décembre 2022, constituent l’armature juridique et administrative du combat mémoriel congolais. Une architecture institutionnelle qui démontre la détermination de l’État à porter ce dossier sur la scène internationale.

Le président Félix Tshisekedi, dans sa communication, rappelle avec insistance le « devoir moral et politique » de la communauté internationale. Un discours qui trouve son fondement dans l’histoire récente : Kinshasa estime depuis longtemps que la demande faite à la RDC d’ouvrir ses frontières lors du génocide rwandais a été l’une des causes majeures des violences persistantes dans l’Est du pays. La reconnaissance du génocide congolais représenterait ainsi une forme de justice historique.

Reste la question centrale : cette reconnaissance africaine suffira-t-elle à faire bouger les lignes sur la scène internationale ? Le gouvernement mise sur un effet domino, espérant que la position de la CADHP entraînera d’autres institutions régionales et internationales. La recommandation adoptée par l’Assemblée nationale congolaise le 17 octobre dernier, portant reconnaissance nationale du « Genocost », s’inscrit dans cette même logique : créer une dynamique irréversible.

La route sera cependant longue. Si la reconnaissance continentale constitue une étape significative, elle n’a pas la portée contraignante d’une résolution des Nations Unies. Le gouvernement devra déployer des trésors de diplomatie pour convertir cette victoire symbolique en reconnaissance internationale effective. La campagne politique et diplomatique annoncée par le chef de l’État devra surmonter de nombreux obstacles, notamment les réticences de certains partenaires internationaux.

En définitive, cette reconnaissance par la Commission africaine des droits humains marque un tournant dans la stratégie internationale de la RDC. Elle consolide la position congolaise et offre au gouvernement des arguments supplémentaires dans son plaidoyer pour la mémoire des victimes. Reste à savoir si la communauté internationale, souvent accusée de double standard, saura entendre ce message venu du continent africain. La balle est désormais dans le camp des capitales occidentales et des instances onusiennes.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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