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Processus de paix en RDC : l’initiative des Églises confrontée au silence présidentiel

Dans le paysage complexe des négociations de paix en République Démocratique du Congo, une question cruciale émerge : l’initiative religieuse de dialogue national parviendra-t-elle à sortir de l’impasse où elle semble s’être enlisée ? Alors que les pourparlers entre le gouvernement congolais et la rébellion AFC/M23 connaissent un nouveau souffle sous médiation internationale, le processus parallèle conduit par les Églises affiche un ralentissement préoccupant.

La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC), épaulées par la Plateforme des Confessions religieuses et la Coalition interconfessionnelle pour la Nation, ont pourtant mené à bien la première phase de leur ambitieux projet. Les consultations nationales, achevées durant le premier semestre 2025, ont donné lieu à un rapport officiel remis au président Félix Tshisekedi. Les institutions religieuses ont alors clairement défini leur mission : s’attaquer aux causes internes du conflit, en complément des démarches diplomatiques internationales.

Le contexte diplomatique actuel, marqué par la signature de l’accord bilatéral RDC-Rwanda à Washington et la déclaration de principes entre Kinshasa et l’AFC/M23 à Doha, aurait dû offrir une fenêtre d’opportunité idéale pour ce dialogue églises RDC paix. Pourtant, force est de constater que l’articulation entre l’accord-cadre de Doha et l’initiative religieuse reste floue, créant une zone d’incertitude politique préjudiciable à la cohérence globale du processus paix M23.

Techniquement, l’initiative religieuse Congo avait pourtant franchi une étape significative en juin dernier avec la mise en place de groupes scientifiques, techniques, pratiques et stratégiques. Cette ossature devait servir de fondation au futur pacte social paix, mais depuis, le silence s’est installé. Les Feuilles de route pratiques, censées concrétiser le Pacte social en engagements territorialisés et mesurables, brillent par leur absence dans l’espace public.

Le 25 août dernier, les confessions religieuses ont néanmoins dévoilé une feuille de route commune articulée autour de quatre séquences ambitieuses. Ce plan comprend un « mois de la paix » avec des cultes œcuméniques dans tout le pays, y compris dans les zones sous contrôle AFC/M23, un dialogue d’experts pour établir les bases techniques du pacte social, un dialogue politique réunissant tous les acteurs nationaux, et une conférence internationale sur la paix dans les Grands Lacs.

Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, défend une vision « holistique et durable » de sortie de crise, centrée sur la restauration de la paix, de la cohésion nationale et de l’État de droit. Cette initiative répond directement à la demande du président Tshisekedi d’élargir le Pacte social pour la paix aux différents courants religieux, et une équipe du cabinet présidentiel a même collaboré avec les Églises pour harmoniser la démarche.

Mais le soutien institutionnel affiché contraste singulièrement avec la timidité de la mise en œuvre. Alors que les négociations AFC M23 progressent sur la scène internationale, le dialogue national patine. Les observateurs s’interrogent : cette pause stratégique est-elle le signe d’une recalibration nécessaire ou révèle-t-elle des divergences plus profondes sur l’approche à privilégier ?

La crédibilité du processus de dialogue porté par les Églises se joue aujourd’hui dans sa capacité à transformer les outils techniques en mécanismes concrets. Les récentes avancées diplomatiques à Doha rendent plus pressante que jamais la question de la complémentarité entre les différents processus. Le président Tshisekedi se trouve face à un dilemme stratégique : accompagner résolument cette initiative religieuse ou la laisser s’effacer derrière les négociations internationales.

Le silence actuel autour de cette initiative religieuse Congo n’est pas sans conséquences. Il nourrit les spéculations sur les réelles intentions du pouvoir et risque de marginaliser une approche qui se veut pourtant complémentaire aux processus régionaux. Dans un contexte où les tensions persistent sur le terrain et où les appels au dialogue national se multiplient, la balle est désormais dans le camp de la présidence. Le pacte social paix pourra-t-il émerger comme une solution crédible ou restera-t-il lettre morte ?

Alors que la communauté internationale suit avec attention les développements des négociations AFC M23, l’initiative des confessions religieuses représente un chantier politique essentiel pour la stabilisation durable de l’Est du Congo. Sa mise en suspens interroge non seulement sur la cohérence de la stratégie globale de paix, mais aussi sur la capacité des acteurs nationaux à s’approprier véritablement la résolution du conflit. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si ce processus de dialogue églises RDC paix parviendra à retrouver son élan ou s’il s’enlisera définitivement dans les sables mouvants de la realpolitik congolaise.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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