Kinshasa s’apprête à accueillir ce samedi le 9ᵉ Sommet ordinaire de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), un événement diplomatique majeur qui verra la République Démocratique du Congo reprendre la présidence tournante de cette organisation régionale. La confirmation de la participation du président burundais Évariste Ndayishimiye, annoncée officiellement par la présidence burundaise depuis Gitega, renforce l’importance de cette rencontre qui rassemblera les douze pays membres de la CIRGL.
Le thème choisi pour ce sommet, « Consolidons la paix, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs », reflète les défis immenses auxquels fait face cette région africaine. La RDC, qui succède à l’Angola à la tête de l’organisation, hérite d’un mandat crucial alors que la sécurité dans l’est du pays demeure préoccupante. Le ministre congolais de l’Intégration régionale, Floribert Anzuluni, a souligné l’importance de cette transition dans un contexte régional complexe.
Quelles perspectives ce changement de leadership offre-t-il pour la résolution des crises qui secouent la région ? La passation de pouvoir intervient à un moment où les tensions entre la RDC et le Rwanda atteignent un niveau critique, avec la rébellion AFC/M23 qui continue de semer l’insécurité dans le Kivu. Le ministre Anzuluni a adopté un discours apaisé, déclarant : « Nous ne venons pas pour régler des comptes, mais pour trouver des solutions ». Cette approche diplomatique pourrait-elle marquer un tournant dans les relations entre les deux pays voisins ?
La CIRGL, créée suite au Pacte de Nairobi de 2006, représente un cadre essentiel pour la coopération régionale. Son mandat couvre la promotion de la sécurité, la stabilité et le développement dans une région longtemps marquée par des conflits interconnectés. L’organisation regroupe l’Angola, le Burundi, la Centrafrique, le Congo, la RDC, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie – douze nations unies par des défis communs mais aussi par des intérêts parfois divergents.
Au-delà des questions sécuritaires immédiates, l’agenda du sommet de Kinshasa inclut des thématiques tout aussi cruciales : l’intégration régionale, les déplacements de populations, la fiscalité et la gouvernance. Neuf réunions préparatoires sur les douze prévues se sont déjà tenues, dont celle des chefs d’état-major des armées des pays membres, démontrant l’importance accordée à la coordination sécuritaire.
La tenue de ce sommet à Kinshasa représente une opportunité significative pour la diplomatie congolaise. Elle permet au pays d’affirmer son leadership régional tout en travaillant à la résolution des crises qui affectent directement sa souveraineté. Le choix du thème met en lumière la nécessité d’une approche holistique associant paix, stabilité et développement – trois piliers indissociables pour envisager un avenir prospère dans la région des Grands Lacs.
Les observateurs régionaux suivront avec attention les décisions qui émergeront de ce sommet, particulièrement en ce qui concerne le renforcement des mécanismes existants de prévention et de résolution des crises. La capacité de la CIRGL à produire des résultats concrets sera scrutée, alors que les populations de la région attendent des améliorations tangibles dans leur quotidien.
Ce 9ᵉ Sommet ordinaire de la CIRGL s’inscrit dans une séquence diplomatique importante pour l’Afrique centrale. Il intervient à un moment où la coopération régionale apparaît plus nécessaire que jamais face aux défis transfrontaliers – qu’il s’agisse de sécurité, de mouvements de populations ou de développement économique. La réussite de cette rencontre dépendra largement de la volonté politique réelle des douze États membres à dépasser leurs divergences pour œuvrer ensemble à la construction d’une région plus stable et prospère.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
