Le Centre européen des Visas (CEV) de Kinshasa a enregistré une performance exceptionnelle en 2024 avec plus de 32 500 visas délivrés à des ressortissants congolais, représentant une augmentation spectaculaire de 32 % par rapport à l’année précédente. Cette progression historique, révélée par Joris Salden, Directeur général en charge des affaires consulaires au SPF Affaires étrangères belge, marque un tournant significatif dans l’accès des Congolais à l’espace Schengen.
Lors d’une conférence de presse conjointe, les autorités belges ont détaillé les facteurs ayant conduit à cette amélioration remarquable. Le contraste avec la situation antérieure est frappant : le système de rendez-vous, autrefois saturé, ne permettait que 15 000 demandes annuelles. « À l’époque, les rendez-vous n’étaient pas utilisés, et seulement 15 000 demandes par an pouvaient être introduites. Le système était bloqué : même si des créneaux n’étaient pas utilisés, il fallait attendre un an. Pour moi, ce n’était pas acceptable » a expliqué Joris Salden.
Comment cette transformation a-t-elle été possible ? La réponse réside dans un investissement massif en ressources humaines et matérielles. Les effectifs du centre ont presque doublé à Kinshasa, une réalisation exceptionnelle dans un contexte de restrictions budgétaires généralisées. « Cela ne se fait pas tout seul. Cela demande beaucoup de travail, ici à l’ambassade, à Bruxelles, et surtout au CEV » a souligné le directeur général.
L’infrastructure du Centre européen des Visas Kinshasa a également bénéficié d’importantes améliorations avec la construction de cinq guichets supplémentaires. Une expansion supplémentaire est déjà programmée pour 2026 avec l’ajout de trois nouveaux guichets. Ces investissements ont permis une réduction drastique des délais de traitement, passant de six à huit semaines à seulement une semaine pour les visas délivrés directement par l’ambassade.
Cette augmentation des visas pour Congolais s’inscrit dans une stratégie plus large de facilitation des échanges humains, culturels et économiques entre la RDC et l’Europe. Cependant, le diplomate belge reconnaît que ces efforts sont parfois entravés par la perception d’une augmentation des demandes d’asile jugées infondées. « Lorsque je négocie pour obtenir plus de moyens afin de délivrer plus de visas, on me répond souvent : attention, il y a davantage de demandes d’asile, donc davantage de fraudes. Cela ne facilite pas mon travail » a-t-il déploré.
Le CEV de Kinshasa, géré par l’Ambassade de Belgique, fonctionne comme un centre commun de réception des demandes de visa conforme au Code des visas Schengen. Opérationnel depuis 2010 sous le nom de Maison Schengen jusqu’en 2019, cette structure représente un modèle de coopération européenne en matière de gestion des visas. Plusieurs États Schengen y délèguent l’examen et la délivrance des visas court séjour, avec un traitement conjoint assuré par le service visas de l’Ambassade de Belgique et l’Office des Étrangers.
Ce record de visas délivrés en 2024 démontre l’efficacité des réformes entreprises et ouvre de nouvelles perspectives pour les échanges entre la RDC et l’Europe. Les demandes visa Belgique continuent d’ailleurs de représenter une part significative de cette dynamique positive. La question qui se pose maintenant est de savoir si cette tendance pourra se maintenir face à la croissance continue des demandes et dans un contexte géopolitique en évolution constante.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
