Les flammes ont illuminé le ciel nocturne de Matadi ce samedi 15 novembre, transformant la RN14 en un véritable enfer. Le rugissement de l’explosion a réveillé les habitants d’Ango-Ango, terrorisés par cette scène d’apocalypse qui se déroulait à quelques mètres de leurs habitations. « J’ai cru que c’était la fin du monde », témoigne Jean, commerçant dont la boutique a été réduite en cendres.
Le camion-citerne d’Erexcom Petroleum, chargé de combustible, a littéralement volé en éclats, projetant des débris incandescents sur plusieurs dizaines de mètres. L’incendie qui a suivi a dévoré tout sur son passage : un camion-remorque stationné à proximité, des câbles électriques qui alimentent le quartier, et plusieurs commerces qui constituaient la principale source de revenus pour de nombreuses familles.
Comment une telle catastrophe a-t-elle pu se produire sur une route nationale censée être sécurisée ? La réponse semble se trouver sous les pneus des véhicules. La RN14, qui relie Matadi à la frontière angolaise, présente un état de dégradation alarmant. Nids-de-poule profonds, chaussée déformée, absence totale d’entretien : cette voie transforme chaque trajet en parcours du combattant, particulièrement dangereux pour les poids lourds transportant des matières inflammables.
Le maire de Matadi, Dominique Nkodia Mbete, présent sur les lieux peu après l’incident, n’a pas caché son amertume. « Cette tragédie était prévisible », affirme-t-il, le visage marqué par l’émotion. « Nous alertons depuis des mois sur l’état catastrophique de cette route. Aujourd’hui, nous payons le prix de cette négligence. »
Miraculeusement, aucune perte humaine n’est à déplorer. Les équipes anti-incendie de deux sociétés locales ont réagi avec une rapidité remarquable, contenant les flammes avant qu’elles n’atteignent les habitations les plus proches. Leur intervention héroïque a sans doute évité un bilan bien plus lourd.
Mais derrière ce « miracle » se cache une réalité plus sombre. Combien de drames faudra-t-il encore pour que les autorités prennent conscience de l’urgence ? Les habitants d’Ango-Ango, aujourd’hui privés d’électricité et pour certains de leur gagne-pain, se demandent jusqu’à quand ils devront vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête.
L’explosion de ce camion-citerne sur la RN14 n’est pas un simple accident de la route. C’est le symptôme d’un mal plus profond qui ronge les infrastructures du Kongo Central. Elle révèle l’abandon dans lequel se trouvent certaines voies de communication pourtant vitales pour l’économie régionale.
Le maire lance un appel pressant à la réhabilitation urgente de cette artère économique. Mais combien de temps faudra-t-il attendre avant que les promesses ne se transforment en actes concrets ? La sécurité des usagers et la stabilité économique de la région en dépendent. Cette tragédie doit servir de électrochoc avant que d’autres vies ne soient menacées.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
