Le Royaume de Belgique fait face à une augmentation préoccupante des demandes de protection internationale en provenance de la République Démocratique du Congo. Selon les dernières statistiques dévoilées par Freddy Roosemont, Directeur général de l’Office des étrangers, plus de 2 120 Congolais ont introduit une demande d’asile durant les dix premiers mois de l’année 2025, plaçant la RDC au quatrième rang des pays sources de demandeurs de protection internationale.
Cette tendance à la hausse interpelle les autorités belges, d’autant plus que le nombre total pour 2025 pourrait atteindre les 2 500 demandes, soit une augmentation significative par rapport aux 1 907 enregistrées en 2024. Comment expliquer cette progression constante malgré les campagnes d’information menées auprès du public congolais ?
Lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa ce jeudi 13 novembre, Freddy Roosemont, accompagné de Joris Salden du SPF Affaires étrangères, a exprimé sa profonde inquiétude face à ce phénomène. « La plupart de ces demandes émanent de personnes qui ne répondent pas aux critères de la Convention de Genève de 1951 », a-t-il précisé, soulignant que ces individus « ne sont pas poursuivis pour des raisons politiques, religieuses ou sociales » mais voient plutôt dans la procédure d’asile un moyen de s’établir durablement en Belgique.
Le détournement de procédure apparaît comme une préoccupation majeure pour les autorités belges. Freddy Roosemont a révélé que de nombreux Congolais utilisent des visas Schengen de type C, normalement destinés au tourisme ou aux visites familiales, pour ensuite introduire une demande d’asile une fois sur le territoire belge. Cette pratique constitue un abus flagrant du système, d’autant que la majorité des demandeurs proviennent de Kinshasa et non des zones de conflit de l’Est du pays.
Les conséquences de cette immigration clandestine sont particulièrement lourdes pour les concernés. Vivant souvent dans des conditions précaires et sans accès aux aides financières, ces migrants se retrouvent piégés dans une situation de vulnérabilité extrême. Les autorités belges insistent sur le fait que la réalité est bien éloignée des représentations parfois idéalisées circulant dans les communautés congolaises.
Le taux de rejet des demandes d’asile congolaises atteint des proportions significatives, oscillant entre 85% et 90%. Ces décisions négatives entraînent inévitablement un cercle vicieux : refus de visa future, ordre de quitter le territoire, et parfois même rapatriement forcé vers Kinshasa avec l’assistance de la police belge. Freddy Roosemont a martelé son message : « La demande de protection est réservée aux personnes victimes de persécutions réelles, pas à ceux qui cherchent simplement une vie meilleure. »
Cette situation soulève des questions fondamentales sur les dynamiques migratoires entre la RDC et la Belgique. Les relations historiques entre les deux pays ont naturellement favorisé les échanges humains, avec une présence congolaise significativa composée d’étudiants, de travailleurs et de familles regroupées. Cependant, l’augmentation récente des demandes d’asile interroge sur l’évolution des motivations migratoires.
Plusieurs observateurs pointent du doigt les facteurs internes à la RDC qui pourraient expliquer cette tendance : tensions politiques persistantes, insécurité croissante dans l’Est du pays, dégradation économique et précarité accrue de la population. Malgré les discours officiels, la situation intérieure de la RDC peine à s’améliorer durablement, poussant certains citoyens à envisager l’exil comme unique solution.
La Belgique, face à cette augmentation des demandeurs d’asile congolais, se trouve dans une position délicate. Comment concilier l’obligation de protection des véritables persécutés avec la nécessité de lutter contre les abus de procédure ? La réponse semble passer par une meilleure information des populations et un renforcement de la coopération entre les deux pays.
Freddy Roosemont a lancé un appel pressant à la presse congolaise pour qu’elle relaie des informations fiables sur les réalités de l’immigration en Belgique. « J’ai besoin de vous, la presse, pour dire aux gens : venez avec vos visas pour faire ce que vous devez faire, et cela ne doit pas se terminer par une demande d’asile », a-t-il plaidé, insistant sur le fait que cette procédure « ne fonctionne pas pour ceux qui cherchent simplement des opportunités économiques ».
La question fondamentale demeure : comment répondre efficacement aux défis migratoires tout en préservant les droits des véritables réfugiés ? La solution pourrait résider dans un équilibre subtil entre contrôle des frontières, information transparente et coopération renforcée entre Bruxelles et Kinshasa. L’enjeu est de taille, tant pour les individus cherchant une protection légitime que pour les États devant gérer ces flux migratoires complexes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
