Le secteur minier congolais, pilier économique incontournable représentant près de 30% du PIB national, s’apprête à tourner une page cruciale dans sa gouvernance sociale. La réunion technique tenue mercredi à Kinshasa entre les experts des ministères des Mines et des Affaires sociales a marqué une étape décisive dans l’optimisation du mécanisme de redistribution des richesses minières aux populations locales.
Comment assurer que les communautés vivant à proximité des sites d’extraction bénéficient concrètement de l’exploitation des ressources naturelles de leur terroir ? Cette question fondamentale a structuré les travaux du Comité de supervision, d’orientation et de suivi de la gestion de la dotation communautaire de 0,3% dans le secteur minier en RDC. Les discussions techniques ont permis d’établir un diagnostic précis du fonctionnement actuel des structures opérationnelles chargées de canaliser ces fonds vers des projets de développement tangible.
Le dispositif, issu du Code minier révisé de 2018, représente une innovation majeure dans la gouvernance minière au Congo. Il impose aux entreprises minières opérant sur le territoire national de consacrer 0,3% de leur chiffre d’affaires au financement d’infrastructures et services sociaux dans les zones affectées par leurs activités. Une manne financière potentiellement considérable qui, si correctement administrée, pourrait transformer radicalement les conditions de vie des populations riveraines des sites miniers.
La session de travail a notamment permis d’évaluer l’efficacité du Fonds national de promotion et de service social (FNPSS), institution clé dans l’écosystème de redistribution. Alice Mirimo Kabetsi, administratrice directrice générale du FNPSS et haute experte au sein du Comité de supervision, a présenté le projet de directive complémentaire encadrant la gestion de cette dotation spécifique. Ce document stratégique vise à standardiser les procédures et renforcer les mécanismes de contrôle pour garantir une utilisation optimale des ressources.
Quels sont les domaines d’intervention prioritaires identifiés ? Les infrastructures éducatives, les centres de santé, les routes d’accès et les projets agricoles figuraient en tête des investissements sociaux envisagés. Une approche multidimensionnelle essentielle pour créer un développement durable et réduire la dépendance des communautés vis-à-vis de la seule activité extractive.
La feuille de route établie pour les derniers mois de 2025 prévoit le renforcement des capacités des acteurs locaux, l’amélioration des systèmes de monitoring et l’intensification des campagnes de sensibilisation. La stratégie de communication du Comité a d’ailleurs fait l’objet d’examens approfondis, reconnaissant que la transparence et l’information constituent des piliers indispensables à la crédibilité du dispositif.
Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large de rééquilibrage du partage de la valeur créée par l’industrie minière congolaise. Alors que le pays représente environ 70% de la production mondiale de cobalt et se positionne comme acteur majeur dans le cuivre, la question de la redistribution équitable des revenus miniers demeure un enjeu socioéconomique capital. La dotation de 0,3% constitue ainsi un levier potentiellement transformateur pour construire un modèle minier plus inclusif et socialement responsable.
Les prochains mois seront déterminants pour concrétiser cette ambition. La coordination entre les ministères techniques, la professionnalisation des gestionnaires du FNPSS et l’implication effective des communautés bénéficiaires formeront les piliers de cette nouvelle architecture de gouvernance minière en RDC. Une évolution attendue qui pourrait marquer un tournant dans les relations entre industrie extractive et développement territorial au Congo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
