Dans la chaleur humide de Kinshasa, un événement discret mais crucial pour l’avenir des femmes congolaises se déroulait ce mardi 11 novembre. Le Ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant réunissait les acteurs clés pour valider le deuxième rapport sur la mise en œuvre du Protocole de Maputo en RDC. Une démarche qui dépasse le simple exercice administratif pour toucher à l’essence même des droits des femmes au Congo.
« Ce processus a été marqué par une approche inclusive et rigoureuse », soulignait la ministre Micheline Ombae Kalama, visiblement satisfaite du travail accompli. Mais derrière ces mots protocolaires, quelle réalité pour les millions de femmes congolaises qui attendent des changements concrets dans leur vie quotidienne ?
Le Protocole de Maputo, cet instrument juridique adopté par la RDC en 2008 et publié au Journal Officiel dix ans plus tard, représente-t-il vraiment une bouée de sauvetage pour les femmes confrontées aux violences basées sur le genre ? La question mérite d’être posée alors que le pays dresse le bilan de ses engagements internationaux.
Le rapport présenté révèle des avancées notables dans plusieurs domaines sensibles. La santé sexuelle et reproductive, longtemps taboue, commence à bénéficier d’une attention particulière. La lutte contre les violences basées sur le genre gagne du terrain, tandis que des initiatives promouvant la masculinité positive émergent progressivement. La gouvernance inclusive semble elle aussi prendre forme, même si le chemin reste long.
Pourtant, les obstacles persistent. La participation politique des femmes demeure faible, leur voix souvent étouffée dans les arènes décisionnelles. L’autonomisation économique, clé de voûte de l’émancipation féminine, peine à devenir une réalité pour la majorité. Comment expliquer ces retards dans l’application intégrale du Protocole de Maputo en RDC ?
La ministre n’a pas manqué de remercier la Première ministre Judith Suminwa Tuluka pour son soutien aux politiques d’égalité de genre. Un signal fort venu des plus hautes sphères de l’État, mais qui suffira-t-il à débloquer les freins structurels ? L’accompagnement technique et financier des partenaires comme IPAS/RDC et la CEPFE a certes été précieux, mais la pérennité des actions reste une préoccupation majeure.
Ce deuxième rapport, qui fait suite au premier soumis en 2015, dresse un tableau nuancé de la situation. D’un côté, des progrès réels dans la protection des droits des femmes Congo. De l’autre, des défis immenses qui appellent à une mobilisation accrue. La santé reproductive RDC représente toujours un chantier prioritaire, tant les besoins sont grands et les moyens limités.
« Travaillons avec responsabilité et patriotisme », exhortait la ministre aux participants. Un appel qui résonne comme un rappel à l’urgence d’agir. Car derrière les chiffres et les statistiques, ce sont des vies de femmes qui sont en jeu. Des mères qui luttent pour l’éducation de leurs filles, des entrepreneures qui se battent pour leur indépendance économique, des survivantes de violences qui cherchent justice et réparation.
L’égalité genre RDC n’est pas une simple formule politique. C’est un objectif qui engage l’avenir de toute la nation. Le Protocole Maputo RDC, s’il est pleinement mis en œuvre, pourrait constituer un tournant décisif dans l’histoire des droits humains en République Démocratique du Congo. Mais sa validation ne sera qu’une étape. La véritable bataille se jouera sur le terrain, dans les villages reculés, dans les tribunaux, dans les centres de santé, partout où les femmes congolaises continuent de se battre pour leur dignité.
Alors que le document final est soumis à validation, une question cruciale se pose : ces engagements sur le papier se traduiront-ils par des changements tangibles pour les femmes congolaises ? La réponse dépendra de la volonté politique réelle et de la mobilisation de toutes les forces vives de la nation. Le chemin vers l’égalité véritable reste semé d’embûches, mais chaque pas compte, chaque avancée, si modeste soit-elle, rapproche un peu plus la RDC de l’idéal d’une société juste et équitable pour toutes et tous.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
