La relance du trafic ferroviaire entre Kinshasa et Matadi, orchestrée par l’Office national des Transports (ONATRA), suscite un mélange d’espoir et de préoccupations chez les usagers congolais. Cet axe stratégique, vital pour l’économie nationale, connaît une renaissance attendue depuis des années, mais des dysfonctionnements techniques récurrents viennent assombrir le tableau.
Comment cette initiative, présentée comme une bouffée d’oxygène pour les voyageurs et les opérateurs économiques, peut-elle véritablement remplir sa mission face à ces défis persistants ? La question mérite une analyse approfondie, d’autant que le trafic ferroviaire Congo représente un enjeu économique majeur pour la desserte du corridor Kinshasa-Matadi.
Le dimanche 9 novembre dernier, un incident significatif est venu illustrer ces difficultés. Le convoi parti de Matadi à 7h30 n’a atteint Kinshasa qu’à 03h00 du matin, transformant un trajet théorique de 9 heures en un marathon de près de 20 heures. Cet épisode, vécu par de nombreux passagers dont Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), soulève des interrogations sur la fiabilité du service.
Face à cette situation, la NSCC a lancé un appel pressant pour un audit indépendant et urgent des services ferroviaires de l’ONATRA. L’organisation citoyenne demande au Parlement de diligenter cette enquête approfondie, tout en exhortant les structures de la société civile à assurer un suivi rigoureux de la qualité du service offert aux populations.
Les pannes ONATRA répétées mettent en lumière les défis structurels auxquels fait face le secteur ferroviaire congolais. Malgré les efforts de relance entrepris, les observateurs pointent du doigt la nécessité d’investissements massifs dans la modernisation des infrastructures et la formation du personnel technique. Le train Kinshasa Matadi, s’il fonctionnait de manière optimale, pourrait transporter jusqu’à 1 000 passagers par jour et des tonnes de marchandises, représentant ainsi un levier économique considérable.
La société civile transports insiste sur l’impérative nécessité d’une gouvernance plus transparente du secteur. « Il ne s’agit pas seulement de faire rouler des trains, mais d’offrir un service fiable, sécurisé et ponctuel qui réponde aux attentes légitimes des usagers », souligne un expert du transport interviewé par notre rédaction. Cet audit ferroviaire RDC demandé pourrait révéler les véritables causes des dysfonctionnements et proposer des solutions durables.
Sur le plan économique, la résolution de ces problèmes techniques revêt une importance capitale. Un trafic ferroviaire fluide entre Kinshasa et Matadi permettrait de désengorger les routes, de réduire les coûts de transport des marchandises et de stimuler les échanges commerciaux entre la capitale et le principal port maritime du pays. Les retards actuels représentent un manque à gagner considérable pour les opérateurs économiques qui voient leurs marchandises immobilisées et leurs délais de livraison compromis.
La situation actuelle du trafic ferroviaire Congo pose une question fondamentale : comment transformer cette relance prometteuse en succès durable ? Les solutions passent nécessairement par une approche multidimensionnelle combinant investissements infrastructurels, formation technique, modernisation du parc roulant et implication effective des parties prenantes.
Des sources proches du dossier estiment que le gouvernement devrait accorder la priorité au secteur ferroviaire dans ses programmes d’investissement public. Le développement d’un audit ferroviaire RDC complet pourrait servir de feuille de route pour les réformes à venir, identifiant les goulets d’étranglement et proposant un calendrier réaliste de mise en œuvre.
La reprise du train Kinshasa-Matadi représente indéniablement une opportunité majeure pour la mobilité des personnes et le développement du commerce en République Démocratique du Congo. Cependant, son plein potentiel ne pourra être atteint qu’à travers une gestion rigoureuse, transparente et responsable, associant tous les acteurs concernés, des décideurs politiques aux usagers finaux.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’avenir de ce projet ferroviaire. La réponse des autorités face aux demandes d’audit et la capacité de l’ONATRA à résoudre les problèmes techniques récurrents constitueront des indicateurs clés de la volonté réelle de faire du transport ferroviaire un pilier du développement économique national.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
