Le procès du braquage de la Rawbank a connu un développement judiciaire majeur ce mardi 11 novembre 2025 devant le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa-Gombe. Pour la première fois depuis l’ouverture des débats, la justice militaire a autorisé la projection des vidéos de surveillance internes de l’agence bancaire, capturées lors des événements du 16 octobre 2025.
Ces images, qualifiées d’« accablantes » par les observateurs judiciaires présents dans la salle d’audience, montrent distinctement des éléments des forces de sécurité déployés pour sécuriser les lieux du braquage en train de commettre des actes répréhensibles. Les séquences vidéo démontrent que des policiers et militaires se sont appropriés des fonds provenant des caisses de l’établissement bancaire, tandis que d’autres procédaient au vidage systématique du sac appartenant à Honorine Porsche, la présumée auteure principale du braquage.
La citoyenne allemande d’origine congolaise, interpellée lors d’une opération conjointe des forces de l’ordre congolaises, avait antérieurement affirmé devant ses juges que l’argent dérobé lors du braquage avait été ultérieurement confisqué par les uniformisés présents sur les lieux. Les preuves vidéo viennent désormais corroborer ses déclarations, apportant un éclairage nouveau sur cette affaire qui défraie la chronique judiciaire kinoise.
Face à ces révélations visuelles incontestables, le tribunal a immédiatement ordonné au ministère public de procéder au défèrement des agents de sécurité identifiés sur les enregistrements. Les personnes concernées appartiennent à la fois à la Police nationale congolaise et à la Task Force, cette unité d’intervention spéciale régulièrement déployée pour ce type d’opérations sensibles.
Parallèlement, l’auditeur militaire s’est vu confier la mission de préparer les réquisitions disciplinaires et judiciaires en prévision de la prochaine audience. Cette démarche administrative et pénale s’inscrit dans le cadre plus large de la lutte contre la corruption au sein des institutions sécuritaires de la République Démocratique du Congo. Comment expliquer que des forces censées protéger les biens et les personnes en viennent à commettre de tels actes répréhensibles ?
La projection de ces vidéos de surveillance marque un tournant décisif dans ce procès particulièrement médiatisé. Les images, analysées cadre par cadre par les magistrats militaires, permettent désormais d’établir une chronologie précise des événements survenus durant et après le braquage de la Rawbank. Elles constituent des pièces à conviction essentielles pour la manifestation de la vérité judiciaire.
Le tribunal a fixé la date du 14 novembre 2025 pour la suite des débats. Cette audience sera consacrée au réquisitoire du ministère public, aux conclusions des parties civiles et à la plaidoirie des avocats de la défense. Les avocats représentant les différents accusés devront désormais composer avec ces nouvelles preuves vidéo qui modifient considérablement la dynamique procédurale.
Cette affaire du braquage de la Rawbank à Kinshasa dépasse le simple cadre d’un vol à main armée pour révéler des dysfonctionnements plus profonds au sein des appareils sécuritaires congolais. Le détournement d’argent par des agents censés incarner l’autorité de l’État soulève des questions fondamentales sur l’efficacité des mécanismes de contrôle internes. Quelles mesures correctives seront mises en œuvre pour prévenir la répétition de tels agissements ?
La prochaine audience promet d’être décisive pour l’orientation définitive de ce procès complexe, où se mêlent enquête criminelle et procédures disciplinaires. Le tribunal militaire devra trancher sur la culpabilité des différents protagonistes tout en tenant compte des nouvelles preuves apportées par les vidéos de surveillance. La justice congolaise se trouve ainsi face à un cas d’école qui pourrait établir une jurisprudence en matière de responsabilité pénale des forces de l’ordre.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
