Dans le paysage politique congolais traversé par des tensions constitutionnelles latentes, le parti Envol a choisi le terrain symbolique de Camp Luka pour adresser un message sans équivoque au pouvoir en place. Lors d’un meeting populaire organisé ce dimanche 9 novembre dans la commune de Ngaliema, la formation d’opposition a fermement condamné toute velléité de modification de la Loi fondamentale, dressant un réquisitoire sévère contre ce qu’elle perçoit comme une dérive antidémocratique.
Le porte-parole provincial Merdi Mazengo n’a pas mâché ses mots pour dénoncer les risques inhérents à un éventuel changement constitutionnel RDC. « Vous savez bien que le changement de la Constitution et l’éventualité d’un troisième mandat du président Tshisekedi feraient reculer le pays sur le plan démocratique et risqueraient d’aggraver la crise politique », a-t-il martelé devant une assistance conquise. Cette déclaration, prononcée lors de ce meeting politique Camp Luka historique, résonne comme un avertissement dans l’arène politique kinoise.
La stratégie du parti Envol Kinshasa s’inscrit dans une logique de calendrier précis. Avec « environ 1 130 jours » avant les prochaines échéances électorales, selon les calculs de Merdi Mazengo, l’opposition entend maintenir la pression sur un exécutif qu’elle accuse de préparer en coulisses un scénario de prolongation du mandat présidentiel. Le compte à rebours des élections 2028 RDC serait-il déjà lancé ? La question plane désormais sur les débats politiques nationaux.
Au-delà des considérations purement constitutionnelles, le responsable politique a élargi le champ des critiques aux réalisations concrètes du régime. Fustigeant l’incapacité du gouvernement à améliorer les conditions de vie des Congolais, il a appelé le chef de l’État à se concentrer sur « la réhabilitation des routes, l’amélioration de la desserte en électricité et en eau potable, ainsi que sur la restauration de la paix dans l’Est du pays ». Cette charge intervient dans un contexte social tendu, où les populations endurent au quotidien les défaillances des services publics.
La dénonciation des violences policières a constitué un autre temps fort de cette matinée politique. « Les policiers doivent sécuriser la population, et non tirer des coups de feu ni lancer des gaz lacrymogènes qui blessent des citoyens paisibles », a insisté Merdi Mazengo, dans une allusion transparente aux récentes manifestations réprimées avec force. Ce rappel à l’ordre s’adresse directement aux forces de l’ordre, souvent accusées d’excès dans l’exercice de leurs fonctions.
Le retour en scène du porte-parole dans son fief de Camp Luka a revêtu une dimension personnelle et symbolique. « Je suis de retour, et je pense que personne ne peut interdire à un Congolais de vivre là où il le souhaite, comme ici au Camp Luka », a-t-il affirmé, dans une déclaration interprétée comme un défi aux tentatives d’intimidation politique. L’assistance, décrite comme « tenace » par l’orateur, a manifesté son soutien à cette ligne de fermeté constitutionnelle.
La question du troisième mandat Tshisekedi s’annonce donc comme la nouvelle ligne de fracture de la politique congolaise. Entre légalité constitutionnelle et réalpolitique, le débat promet d’animer les prochains mois, alors que les différents acteurs commencent à se positionner pour la bataille politique à venir. Le parti Envol, par la voix de son porte-parole, a clairement indiqué qu’il compter parmi les fer de lance de l’opposition à toute révision des règles du jeu démocratique.
Quelles seront les réactions du camp présidentiel face à cette offensive verbale ? Comment les autres formations politiques appréhendent-elles cette épineuse question du changement constitutionnel ? Autant d’interrogations qui restent en suspens, mais qui dessinent déjà les contours des prochains affrontements politiques. La démocratie congolaise se trouve à nouveau à la croisée des chemins, tiraillée entre continuité institutionnelle et tentations révisionnistes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
