À Kalemie, dans la province du Tanganyika, un paradoxe éducatif persiste malgré les engagements officiels. Comment expliquer que des élèves vulnérables continuent d’être exclus des salles de classe, alors que des directives ministérielles promettaient leur inclusion totale ? La question se pose avec acuité alors que l’ONG Young Man Action for Education (YMAE) tire à nouveau la sonnette d’alarme.
Placide Muyumba, point focal de cette organisation, déplore une situation qui perdure depuis plusieurs mois. « Malgré la circulaire signée en juin dernier par la ministre de l’Éducation nationale, Raïssa Malu, ces élèves vulnérables continuent d’être soumis au paiement des frais de scolarité dans plusieurs écoles secondaires, tant publiques que privées », explique-t-il. Une réalité qui contredit les promesses d’égalité des chances dans l’éducation congolaise.
La circulaire en question visait précisément à lutter contre les discriminations dans le système éducatif national. Elle appelait les gouverneurs de provinces à prendre des mesures concrètes pour garantir l’accès à l’éducation gratuite aux groupes marginalisés, notamment les élèves vivant avec un handicap et ceux issus des communautés autochtones pygmées. Pourtant, dans le Tanganyika, le constat est amer : aucune disposition effective n’a été prise pour concrétiser cette vision.
« L’arrêté du gouverneur n’a rien précisé à ce sujet, alors que la ministre avait demandé l’exemption totale de frais pour ces catégories », regrette Placide Muyumba. Conséquence directe de cette absence de mise en œuvre : « Les enfants handicapés et autochtones sont toujours renvoyés des écoles faute de paiement. » Une situation qui perpétue l’exclusion et compromet l’avenir de ces jeunes déjà confrontés à de multiples défis.
Mais au-delà des textes non appliqués, c’est toute la question de la gratuité effective de l’enseignement qui se pose. Comment assurer l’accès à l’éducation pour tous lorsque les mécanismes de mise en œuvre font défaut ? L’initiative YMAE ONG éducation tente de combler ce vide en plaidant pour une application rigoureuse des directives ministérielles. L’organisation ne se contente pas de dénoncer, elle appelle à une mobilisation collective pour que les droits fondamentaux de ces enfants soient respectés.
La situation des communautés pygmées et des élèves handicapés à Kalemie interroge plus largement sur l’efficacité des politiques éducatives dans les provinces congolaises. Entre les déclarations d’intention à Kinshasa et la réalité dans les territoires, le fossé semble encore important. Les acteurs de terrain soulignent l’urgence d’une coordination renforcée entre le gouvernement central et les autorités provinciales.
Alors que l’année scolaire avance, combien d’enfants vulnérables resteront sur le bord du chemin ? La gratuité éducation Kalemie promise se heurte à des obstacles administratifs et logistiques qui nécessitent une réponse urgente. La circulaire Raïssa Malu, si elle était appliquée, pourrait constituer un tournant décisif pour l’inclusion scolaire dans la région.
L’enjeu dépasse la simple question budgétaire. Il s’agit de construire une société plus inclusive où chaque enfant, quelles que soient ses particularités ou son origine, puisse accéder au savoir. Les prochaines semaines seront cruciales pour voir si les autorités du Tanganyika prendront les mesures nécessaires pour transformer les promesses en réalité tangible.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
