Dans une salle de conférence à Bunia, des visages déterminés se penchent sur des cartes et des documents. Parmi eux, des chefs traditionnels, des leaders communautaires et des autorités locales venus de différentes chefferies du territoire d’Irumu. Pendant deux jours, ils ont partagé leurs expériences, leurs frustrations, mais surtout leurs espoirs pour une paix durable dans cette région meurtrie par des années de conflits.
« Avant cette formation, nous abordions les négociations avec les autorités en position de faiblesse », confie un participant qui préfère garder l’anonymat. « Maintenant, nous comprenons mieux comment défendre les intérêts de nos communautés de manière structurée et constructive. »
Cette formation paix Ituri, organisée par Mercy Corps RDC dans le cadre du programme RESET, représente bien plus qu’un simple atelier. Elle symbolise une tentative concrète de reconstruire la confiance entre populations et autorités, dans une région où les tensions communautaires ont souvent débouché sur des violences meurtrières.
Comment ces structures locales paix peuvent-elles véritablement influencer le cours des événements dans leurs communautés respectives ? La réponse réside peut-être dans l’approche adoptée : plutôt que d’imposer des solutions venues d’ailleurs, le programme mise sur le renforcement capacités communautaires et le développement d’outils adaptés aux réalités locales.
Les plans d’action élaborés pendant la formation reflètent cette approche pragmatique. Ils abordent des problématiques concrètes qui touchent directement la vie des populations : l’accès à la justice souvent limité dans les zones rurales, la sécurité menacée par l’activisme des groupes armés, et les conflits récurrents liés aux limites administratives.
« Le véritable défi commence maintenant », souligne Pascal Kisezo, président de la société civile d’Irumu. « Ces représentants de huit communautés doivent mettre en pratique les compétences acquises en négociation et faire face aux défis majeurs qui alimentent les tensions locales. »
La participation de structures de paix du territoire de Beni, dans le Nord-Kivu voisin, ajoute une dimension régionale à cette initiative. Cet échange d’expériences entre territoires confrontés à des défis similaires pourrait s’avérer crucial pour développer des stratégies de résolution de conflits plus efficaces.
Mais au-delà des compétences techniques acquises, c’est peut-être la restauration du dialogue conflits Ituri qui constitue l’avancée la plus significative. Réunir autour d’une même table autorités locales et leaders communautaires représente en soi un pas important vers la réconciliation.
Dans une région où les méfiances historiques entre communautés persistent, ces espaces de dialogue permettent de dépasser les préjugés et de travailler sur des intérêts communs. La question qui se pose maintenant est de savoir si ces initiatives suffiront à enrayer le cycle de violence qui affecte l’Ituri depuis tant d’années.
Les participants repartent dans leurs communautés avec des outils concrets et une vision renouvelée de leur rôle. Reste à voir comment ces acquis résisteront aux réalités souvent brutales du terrain. L’enjeu dépasse largement le cadre de cette formation : il s’agit de construire les fondations d’une paix durable dans une région qui en a si cruellement besoin.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
