Les taximen motos desservant l’axe Walikale-Goma au Nord-Kivu se retrouvent pris au piège d’un système de tracasseries routières qui menace leur survie économique. Sur cette artère vitale de la province, plus de neuf barrières illégales tenues par des Wazalendo ponctionnent quotidiennement les conducteurs, créant une situation insoutenable pour le transport local.
Le constat est amer : jusqu’à 200.000 francs congolais sont extorqués à chaque voyage, selon les témoignages recueillis auprès des principaux concernés. Cette saignée financière régulière met en péril la viabilité de leur activité, pourtant essentielle au désenclavement des populations du Nord-Kivu. Comment ces travailleurs de l’ombre peuvent-ils continuer à exercer dans de telles conditions ?
Parmi les points de contrôle les plus redoutables, la barrière de Kibua se distingue par son tarif prohibitif de 36.000 francs par moto. Non loin de là, à Ulilu dans la localité de Mubanda, les Wazalendo exigent 20.000 francs à chaque passage. Ces montants fixes ne représentent pourtant qu’une partie du calvaire financier subi par les taximen.
« Au-delà des barrières officiellement recensées, nous devons composer avec des exigences financières supplémentaires tout au long du trajet », déplore Amani Bitaha Lucien, porte-parole des taximen motos. Cette multiplication des points de prélèvement informels transforme chaque voyage en parcours du combattant, où l’imprévu devient la règle.
La situation interpelle sur l’efficacité du contrôle étatique dans cette zone pourtant sous autorité gouvernementale. Les Wazalendo, initialement déployés pour renforcer la sécurité, semblent avoir détourné leur mission au profit de pratiques prédateures. Où s’arrêtera cette spirale infernale qui pénalise le transport Nord-Kivu dans son ensemble ?
Les conséquences de ces tracasseries routières dépassent largement le cadre économique immédiat. Elles compromettent la fluidité des échanges entre Walikale et Goma, entravant le ravitaillement des populations et l’accès aux services essentiels. Le manque à gagner pour les taximen se répercute inévitablement sur toute l’économie locale.
Face à cette situation explosive, les taximen motos de Walikale lancent un appel pressant aux autorités militaires. Ils réclament une intervention urgente pour sécuriser les axes routiers RDC et mettre fin à ces pratiques qui entravent la libre circulation. Leur demande est claire : restaurer l’État de droit sur ces routes stratégiques.
La balle est désormais dans le camp des responsables sécuritaires. Leur capacité à répondre à cette détresse légitime constituera un test crucial pour la crédibilité des institutions dans la région. Les jours à venir diront si les préoccupations des taximen motos trouveront écho auprès des décideurs.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
