Comment expliquer que le cancer du sein continue de faire des ravages en République Démocratique du Congo alors que les moyens de prévention et de dépistage existent ? Cette question cruciale était au cœur de la conférence de sensibilisation organisée jeudi dernier par la Faculté de médecine de l’Université Révérend Kim. Rassemblant près de 200 participants, cet événement marquant a permis de lever le voile sur une maladie encore trop souvent entourée de tabous dans notre société.
Le cancer du sein, comment se développe-t-il exactement ? Les experts présents ont utilisé une métaphore éclairante : imaginez une usine cellulaire où certains ouvriers deviendraient soudainement incontrôlables. Lorsqu’une cellule du tissu mammaire subit une altération de son ADN, elle commence à se multiplier anarchiquement, formant progressivement une masse que l’on appelle tumeur. La distinction cruciale réside dans le caractère bénin ou malin de cette accumulation cellulaire. Dans le premier cas, la tumeur reste localisée et non dangereuse ; dans le second, elle acquiert la capacité redoutable de se propager à distance via le système sanguin ou lymphatique, créant ainsi des métastases.
Quels sont ces signes d’alerte que chaque femme devrait connaître ? La détection précoce représente l’arme la plus efficace contre le cancer du sein en RDC. Plusieurs symptômes doivent immédiatement conduire à une consultation médicale : l’apparition d’une boule ou masse palpable dans le sein ou l’aisselle, une modification de la forme ou du volume mammaire, des douleurs persistantes, des changements cutanés comme une rougeur ou un aspect « peau d’orange », ou encore un écoulement anormal au niveau du mamelon. Saviez-vous que reconnaître ces signes précocement peut sauver des vies ?
La prévention du cancer du sein repose sur plusieurs piliers fondamentaux. Les spécialistes ont insisté sur l’importance d’adopter une hygiène de vie saine : alimentation équilbrée riche en fruits et légumes, activité physique régulière, limitation de la consommation d’alcool et de tabac. L’allaitement maternel a été présenté comme un facteur protecteur significatif, tandis que l’obésité et la consommation excessive de produits ultra-transformés augmentent le risque. Le dépistage organisé permet quant à lui de détecter des lésions avant même l’apparition des symptômes, offrant ainsi des chances de guérison considérablement accrues.
Pourquoi la sensibilisation au cancer du sein est-elle si cruciale dans notre contexte congolais ? Les témoignages recueillis lors de cette conférence révèlent la persistance de croyances néfastes. Certains étudiants ont confessé avoir longtemps cru que cette maladie relevait de la sorcellerie plutôt que de processus biologiques bien identifiés. Briser ces tabous représente donc un enjeu majeur de santé publique. Comme l’a souligné un intervenant, « la beauté d’une femme ne se résume pas à sa poitrine, et une femme reste une femme, avec ou sans sein ».
Les jeunes générations semblent déterminées à changer les mentalités. Les étudiants en médecine présents ont exprimé leur engagement à devenir des relais d’information dans leurs communautés respectives. Ils comprennent désormais que le combat contre le cancer du sein passe par l’éducation, la prévention et le dépistage précoce. La recherche médicale continue d’évoluer, offrant des perspectives thérapeutiques toujours plus efficaces pour les patientes congolaises.
Quelles actions concrètes mettre en œuvre après cette prise de conscience ? Les participants ont été invités à partager les connaissances acquises avec leur entourage, particulièrement avec les femmes de leur famille. L’autopalpation régulière des seins, les consultations gynécologiques annuelles et la participation aux campagnes de dépistage organisé constituent les premiers remparts contre cette maladie. Les autorités sanitaires et les institutions universitaires comme l’Université Révérend Kim ont un rôle essentiel à jouer dans la généralisation de ces pratiques préventives.
La lutte contre le cancer du sein en RDC nécessite une mobilisation collective. Chaque citoyen, chaque professionnel de santé, chaque institution peut contribuer à faire reculer cette maladie. L’information est le premier médicament, la prévention le meilleur traitement, et la solidarité le remède le plus puissant contre l’ignorance et la stigmatisation. Osons parler du cancer du sein, osons nous faire dépister, osons soutenir celles qui combattent cette maladie : c’est le message fort porté par cette initiative universitaire prometteuse.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
