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Goma : les religions unies pour ‘Oser la paix’ au Nord-Kivu

Dans une ville qui n’en finit pas de saigner, un souffle d’espoir a traversé Goma ce samedi. Des voix différentes, mais unies par une même conviction, se sont élevées pour proclamer que la paix reste possible, même ici, même maintenant. La rencontre interreligieuse organisée par la Communauté de Sant’Egidio a transformé, le temps d’une journée, l’atmosphère lourde du Nord-Kivu en un espace de dialogue et d’espérance.

Comment rester insensible au témoignage de Madame Aline Minani, membre de la Communauté de Sant’Egidio, dont la voix portait à la fois la gravité de la situation et la fermeté de l’espoir ? « Nous sommes ici, en ce lieu, en cette journée qui sort de l’ordinaire, parce qu’on a pu faire quelque chose qui a rassemblé tant d’hommes et de femmes », confie-t-elle, les yeux brillants d’une émotion contenue. Son message résonne comme un défi lancé au fatalisme : « Chaque jour où nous faisons quelque chose pour rassembler les hommes et les femmes afin de parler de la paix, c’est déjà un pas vers la paix. »

La diversité religieuse présente dans la salle témoignait d’une rare unité dans cette région déchirée. Catholiques, musulmans, anglicans, protestants et autres confessions – tous semblaient avoir déposé leurs différences au vestiaire pour ne garder que l’essentiel : cet humanisme qui transcende les appartenances. Cette initiative paix Congo démontre que le dialogue religieux RDC peut constituer un rempart contre la violence.

Le père Chrisostome Paluku, représentant de l’Église catholique orthodoxe, a enfoncé le clou avec une conviction qui a ébranlé l’assistance. « Le grand message que nous venons de retenir ici, c’est un appel à bâtir la paix, tant voulue par toute l’humanité universelle », a-t-il déclaré d’une voix qui portait le poids des souffrances endurées par sa communauté. Son insistance sur la dignité humaine comme fondement de toute action pour la paix a trouvé un écho particulier dans les cœurs de ceux qui ont tout perdu, sauf leur humanité.

Mais au-delà des beaux discours, cette rencontre interreligieuse Goma avait-elle vraiment le pouvoir de changer quelque chose à la réalité quotidienne des habitants de Mugunga, de Ndosho ou des autres quartiers de Goma ? La réponse est peut-être venue des plus jeunes. Une trentaine d’enfants de l’École de paix Floribert Bwana Chui Bin Kositi sont venus rappeler que la paix se construit aussi entre les générations. Leurs petites mains distribuant des messages d’espoir ont offert une image plus éloquente que tous les discours : celle d’un avenir possible où les armes se tairaient enfin.

Dans le contexte actuel du Nord-Kivu, où les affrontements entre forces loyalistes et rebelles de l’AFC/M23 continuent de faire des victimes, cette rencontre interreligieuse prend une dimension particulière. Elle s’inscrit dans la continuité des efforts déployés par la CENCO et l’ECC qui, dès février dernier, présentaient déjà un plan de sortie de crise. Mais cette fois, c’est la société civile religieuse dans toute sa diversité qui prend le relais, prouvant que la paix Nord-Kivu ne peut être l’affaire des seuls politiques ou militaires.

Le représentant de l’Église anglicane au Nord-Kivu a rappelé les efforts concrets déployés par son institution : plus de 600 leaders religieux et communautaires formés entre 2021 et 2025 pour œuvrer à la consolidation de la paix à travers tout le pays. Des chiffres qui donnent corps à l’espoir et démontrent que la Communauté Sant’Egidio n’est pas seule dans ce combat.

La question qui bruisse dans tous les esprits reste cependant : ces belles paroles suffiront-elles à apaiser les haines accumulées ? Les divisions ethniques, les rancœurs nées des massacres, la misère économique – autant de obstacles colossaux sur le chemin de la réconciliation. Pourtant, comme le souligne Madame Minani, « nous ne nous résignons pas à croire que la paix est une idéologie ou une utopie, mais une réalité ». Cette obstination à croire en la paix, contre toute évidence, constitue peut-être le premier pas vers sa réalisation.

Alors que le soleil se couchait sur Goma, embrasant le lac Kivu de ses derniers rayons, les participants se séparaient avec cette conviction chevillée au corps : la paix est un chantier qui requiert toutes les mains, toutes les volontés, toutes les croyances. Dans une région où la violence semble avoir épuisé tous les vocabulaires, cette rencontre interreligieuse a redonné des mots à l’espérance. Reste à présent à les traduire en actes, pour que le « Oser la paix » devienne enfin la réalité quotidienne des populations du Nord-Kivu.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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