En République démocratique du Congo, l’actualité de la semaine écoulée bouscule toutes nos certitudes. Les chiffres affluent, sombres et glaçants : plus de 120 assassinats et 223 viols en un mois dans l’Est, des milliers de familles déplacées chaque semaine et un pouvoir institutionnel qui vacille sous la pression des crises à répétition. Entre menaces d’effondrement humanitaire, délitement sécuritaire et blocage politique, la question cruciale se pose : jusqu’où la société congolaise peut-elle encaisser sans craquer ?
Les violences dans l’Est prennent une dimension effroyable. Selon le gouvernement, au moins 123 assassinats et 223 viols ont été recensés rien qu’en octobre au Nord et au Sud-Kivu. Les groupes armés, dont le M23, les Mobondo, les Wazalendo, multiplient incursions et crimes, tandis que les tentatives de dialogue de Doha et Washington piétinent. Les populations civiles, prises au piège, deviennent otages d’intérêts qui les dépassent. Les chiffres de l’ONU sont clairs : 21 millions de Congolais ont besoin d’aide humanitaire, 5,7 millions sont arrachés à leurs foyers. La communauté internationale multiplie les promesses, comme les 1,5 milliard d’euros mobilisés à Paris ; sur le terrain, la faim, les épidémies et l’insécurité tuent quotidiennement alors même que 24,8 millions d’habitants croupissent désormais en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
Ce drame humanitaire s’ajoute à une crise institutionnelle aiguë : la paralysie des assemblées provinciales, les motions de défiance, les démissions surprises et la contestation du calendrier électoral minent la légitimité des élites et l’efficacité administrative. La suspension brutale de partis d’opposition, la grève des agents de l’Assemblée, ou encore la désignation contestée de dirigeants symbolisent une gouvernance qui se crispe et s’isole. Comment s’engager pour la paix, la justice sociale et l’inclusion politique dans ces conditions ? Face à ces impasses, la société civile, la diaspora, certaines figures religieuses et même des diplomates internationaux réclament un sursaut pour éviter une rupture nationale dont les conséquences seraient incalculables.
Derrière l’inquiétude sociale se cachent aussi la montée des scandales environnementaux (pollution mortelle à Lubumbashi, inondations à Kinshasa), la vie chère ou la paralysie de secteurs économiques entiers, exacerbant la fatigue collective. L’enchevêtrement de ces crises, où s’entremêlent violences armées, exode, chômage, souffrances sanitaires et colère contre l’impunité, fait courir à la RDC le risque d’une fragmentation accélérée si aucune réponse globale et concertée n’est trouvée.
Il est temps d’arrêter les demi-mesures. La RDC ne doit pas être le théâtre d’un éternel recommencement de la tragédie : ce pays regorge de ressources et d’énergies à condition d’en sortir la population du piège sécuritaire et de restaurer un État efficace et protecteur. L’appel est double : à la responsabilité nationale — pour réhabiliter la confiance et la justice — et à la solidarité régionale et internationale, pour que chaque centime d’aide serve à relancer l’espoir, non à perpétuer l’attente. Nous, à CongoQuotidien, exigeons de la transparence, du courage politique et la voix populaire respectée. L’alternative, c’est l’effondrement ou le sursaut. Faisons collectivement le choix du sursaut.
— La Rédaction de CongoQuotidien
