Une crise sanitaire silencieuse frappe les localités de Mpena et Misoke dans le groupement Bafuna, territoire de Walikale au Nord-Kivu. Les populations de cette région reculée font face à une double menace : la recrudescence alarmante du paludisme et la propagation inquiétante des maladies d’origine hydrique. Comment ces communautés survivent-elles sans structures sanitaires adaptées ?
Le chef de groupement, Mwami Mongi Lufuno Espoir, vient de tirer la sonnette d’alarme après une tournée dans cette zone du secteur des Wanianga. Son constat est sans appel : l’absence d’infrastructures médicales transforme la prise en charge des malades en véritable parcours du combattant. Les habitants, privés d’accès aux soins modernes, n’ont d’autre choix que de recourir aux plantes médicinales pour traiter ces pathologies potentiellement mortelles.
Le paludisme Nord-Kivu connaît une progression inquiétante dans ces localités où les conditions d’hygiène précaires favorisent la prolifération des moustiques anophèles. Cette situation rappelle cruellement la vulnérabilité des zones rurales congolaises face aux endémies que des systèmes de santé robustes pourraient pourtant contrôler efficacement.
Les maladies hydrique Walikale constituent l’autre volet de cette crise sanitaire. L’accès limité à l’eau potable et les conditions d’assainissement déficientes exposent les populations à des pathologies comme la typhoïde, le choléra et les diarrhées sévères. Ces maladies, évitables par des mesures d’hygiène élémentaires, deviennent ici des menaces permanentes pour des familles entières.
Face à l’aggravation des symptômes ou aux complications, les malades doivent entreprendre un périple éprouvant vers les agglomérations de Kilambo ou Iseya, seules dotées de postes de santé. Imaginez-vous devoir transporter un proche fiévreux sur des kilomètres de pistes difficiles, sans moyen de transport adapté ? Cette réalité quotidienne pour les habitants de Bafuna met en lumière les profondes disparités d’accès aux soins dans notre pays.
L’autorité coutumière ne cache pas ses craintes : « Dans les jours qui suivent, nous pourrions enregistrer des cas de décès évitables dans cette partie de mon entité suite à l’absence des structures sanitaires. » Cette prévision macabre souligne l’urgence d’une intervention rapide et coordonnée.
Le bureau central de la zone de santé de Walikale affirme avoir pris la mesure de cette crise sanitaire RDC. Le docteur Richard Bingi, médecin Chef de Zone de santé de Walikale, indique qu’« un travail de fond est en cours afin de répondre au besoin de cette population ». Une équipe de superviseurs devrait être prochainement dépêchée sur le terrain pour évaluer la situation avant toute prise de décision.
Mais cette réponse institutionnelle suffira-t-elle à juguler l’urgence immédiate ? Les structures sanitaires Nord-Kivu peinent déjà à faire face aux besoins des zones plus accessibles. Comment alors étendre leur couverture à des localités aussi enclavées que Mpena et Misoke ?
Cette situation interpelle plus globalement la santé publique Congo et sa capacité à assurer une couverture sanitaire universelle sur l’ensemble du territoire national. Les disparités régionales en matière d’accès aux soins constituent non seulement une injustice sociale, mais aussi une menace pour la santé de l’ensemble de la population.
La prévention reste l’arme la plus efficace contre cette double menace. Des mesures simples comme la distribution de moustiquaires imprégnées, l’amélioration de l’accès à l’eau potable et des campagnes de sensibilisation à l’hygiène pourraient significativement réduire l’incidence de ces maladies. Mais sans présence médicale permanente, ces actions restent insuffisantes.
La crise que traversent les habitants de Mpena et Misoke nous rappelle que le droit à la santé, pourtant garanti par la constitution, reste inaccessible pour de nombreux Congolais. Alors que des solutions existent et que des vies pourraient être sauvées, l’éloignement géographique et le manque d’infrastructures continuent de faire des victimes. Combien de temps encore devrons-nous déplorer des morts évitables dans nos provinces les plus reculées ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
