Dans une annonce qui pourrait marquer un tournant dans la résolution du conflit Nord-Kivu, le président Félix Tshisekedi a dévoilé aux diasporas congolaises du Brésil l’imminente conclusion des processus de Doha et de Washington. Ces déclarations interviennent dans un contexte où les combats continuent de ravager l’est du pays, créant un décalage saisissant entre les avancées diplomatiques et la réalité du terrain.
« Je suis heureux de vous annoncer que les processus de Doha et de Washington vont connaître un aboutissement heureux dans les prochains jours », a affirmé le chef de l’État, dans une déclaration en lingala qui résonne comme un pari politique majeur. Cette annonce, faite en marge du sommet climatique de la COP30 à Belém do Pará, soulève cependant des interrogations sur la capacité de ces accords à endiguer la violence persistante dans la région.
Le président a précisé que « dans les jours qui suivent, la Maison Blanche va nous adresser l’invitation officielle pour aller signer l’accord de paix », tout en appelant à la prudence. Cette prudence semble justifiée au regard des récents développements militaires dans le Nord-Kivu, où les affrontements entre l’AFC M23 et les groupes d’autodéfense Wazalendo ont connu une recrudescence significative.
Pendant que le chef de l’État évoquait des négociations Washington RDC prometteuses, le territoire de Masisi vivait au rythme des combats. À Kalembe, deux femmes civiles ont perdu la vie dans des affrontements nocturnes, rappelant cruellement le coût humain de ce conflit qui perdure. La localité stratégique de Ndete est passée sous contrôle rebelle après des combats meurtriers ayant coûté la vie à sept combattants wazalendo, selon des sources sécuritaires.
Cette position conquise par l’AFC M23 à la jonction entre Masisi et Walikale leur offre un avantage tactique non négligeable, leur permettant de menacer directement les zones de Kimua, Ntoto et Busurungi. Comment les processus de paix en cours pourront-ils contrecarrer cette dynamique militaire défavorable ? La question reste en suspens alors que les combats se sont étendus à Buhaya–Mpety dans le territoire de Walikale, créant un calme précaire que chacun sait temporaire.
Parallèlement à ces développements, les Forces armées de la RDC ont initié une campagne de sensibilisation à la reddition volontaire des combattants FDLR, coordonnée par le lieutenant-colonel Tassy. Le major Dieudonné Kasereka a exhorté ces combattants à rejoindre le processus de désarmement, alors que des poches d’activité subsistent à Makungurano, Banarukisa et Banakindi. Cette initiative démontre la complexité de la situation sécuritaire, où multiples acteurs armés coexistent et où les solutions doivent être multidimensionnelles.
Félix Tshisekedi a également évoqué des entretiens « fructueux » avec son homologue brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, aboutissant à un renforcement de la coopération bilatérale sud-sud dans les domaines de la sécurité, du commerce et de l’agriculture. Cette diversification des partenariats stratégiques pourrait-elle offrir de nouvelles perspectives pour la stabilisation de l’est de la RDC ?
Alors que le processus de Doha semble approcher de son épilogue et que les négociations Washington RDC entrent dans leur phase finale, la véritable question demeure : ces avancées diplomatiques suffiront-elles à inverser la dynamique sur le terrain ? Le président congolais joue manifestement gros sur ces deux processus, dont le succès ou l’échec pourrait déterminer l’avenir sécuritaire de toute la région du Kivu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
