Alors que la révolution numérique transforme le continent africain, la République Démocratique du Congo affirme sa vision pour un avenir digital souverain. Intervenant au prestigieux Sommet mondial de l’Internet en Chine, la ministre Raïssa Malu a délivré un discours percutant qui place l’éducation au cœur de la stratégie nationale.
« Le numérique est l’autoroute, mais l’éducation est le permis de conduire » : cette métaphore forte résume la philosophie que la RDC entend développer dans son approche de la transformation digitale. Mais comment concrétiser cette vision ambitieuse dans un pays aux défis éducatifs multiples ?
La ministre a positionné l’école comme « première ligne de défense contre la fracture numérique », soulignant que l’institution scolaire doit devenir le creuset où se forme une génération capable non seulement de consommer la technologie, mais surtout de créer, d’innover et de gouverner son propre écosystème numérique. Cette approche marque un tournant dans la conception de l’éducation numérique en RDC.
La cybersécurité apparaît comme le pilier fondamental de cette stratégie. Raïssa Malu a insisté sur le fait que l’avenir numérique ne pourra être « pleinement inclusif et équitable que s’il est d’abord sécurisé et éthique ». Cette prise de position intervient dans un contexte où les cybermenaces représentent un défi croissant pour les économies africaines en pleine digitalisation.
Le Plan national du numérique (PNN) constitue le cadre structurant de cette ambition. Visant à faire de la RDC un hub technologique régional à l’horizon 2030, ce plan place la souveraineté numérique congolaise au centre des priorités gouvernementales. La feuille de route 2026-2030, actuellement en élaboration, fera de la cybersécurité une « priorité absolue » selon les déclarations de la ministre.
Mais au-delà des infrastructures et des technologies, c’est la notion de « Nouvelle Citoyenneté numérique » qui retient l’attention. La RDC promeut une vision du cyberespace fondée sur l’inclusion linguistique, l’équité de genre et la co-création de valeurs. Cette approche holistique reconnaît que la transformation digitale dépasse largement le simple accès aux technologies.
« La RDC est prête à assumer son rôle de géant africain », a affirmé Raïssa Malu, portant ainsi les aspirations de tout un continent vers une souveraineté numérique maîtrisée. Cette déclaration intervient alors que le sommet célébrait le dixième anniversaire de l’idée de construire une « communauté de destin dans le cyberespace ».
Le cyberespace représente désormais « la nouvelle frontière de l’humanité » selon les termes de la ministre. Cette vision place la RDC dans une position stratégique pour influencer les débats internationaux sur la gouvernance d’Internet. Mais comment transformer ces ambitions en réalité concrète pour les millions de Congolais qui attendent les bénéfices de la révolution numérique ?
L’accent mis sur l’éducation comme fondement de la souveraineté numérique interroge notre capacité à réformer en profondeur le système éducatif national. Les défis sont immenses : formation des enseignants, équipement des écoles, adaptation des curricula. Pourtant, la vision portée par Raïssa Malu ouvre des perspectives prometteuses pour une génération qui grandit à l’ère du numérique.
La participation active de la RDC à ce sommet mondial démontre sa volonté de jouer un rôle majeur dans la construction d’un cyberespace plus équitable. En plaçant l’humain et les principes éthiques au centre de sa stratégie, le pays envoie un message fort sur sa conception du développement numérique.
Les prochains mois seront déterminants pour traduire cette vision en actions concrètes. La réussite de cette ambition dépendra de la capacité à mobiliser tous les acteurs – État, secteur privé, société civile – autour d’un projet commun de souveraineté numérique par l’éducation.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
