Les frontières du possible viennent une nouvelle fois d’être repoussées dans le monde fascinant de l’apnée. Le Croate Vitomir Maricic a réalisé l’impensable en restant 29 minutes et 3 secondes sans respirer lors d’une performance d’apnée statique le 14 juin 2025. Un record d’apnée qui entre directement dans le livre Guinness des records, mais qui soulève autant d’admiration que de controverses au sein de la communauté des apnéistes professionnels.
« Quand je plonge, je me déconnecte complètement, c’est comme si je n’étais plus là », confie l’athlète de 42 ans dans un entretien exclusif. Pourtant, derrière cette apparente sérénité se cache une bataille physique intense. « J’ai eu du mal mentalement… À peu près à mi-durée, j’ai envisagé de renoncer », reconnaît le champion, évoquant les douleurs et spasmes qui ont secoué son corps durant cet exploit hors norme.
Mais quelle est donc la clé qui a permis à Vitomir Maricic de pulvériser le précédent record de près de 18 minutes ? La réponse réside dans une préparation pour le moins singulière : l’inhalation préalable d’oxygène pur pendant dix minutes avant l’immersion. Une technique qui remplit le sang de molécules d’oxygène et multiplie par cinq les réserves habituelles selon Guillaume Néry, quadruple champion du monde d’apnée.
Cette méthode révolutionnaire mais contestée explique pourquoi les fédérations internationales refusent d’homologuer cette performance extraordinaire. Le record mondial officiel d’apnée statique reste ainsi détenu par le Français Stéphane Mifsud avec 11 minutes et 35 secondes, établi en 2009 dans des conditions réglementaires.
La polémique n’est pas nouvelle pour Maricic, personnalité controversée dans le milieu. En 2024, la CMAS l’avait déjà banni de toutes compétitions pendant six mois après la découverte de produits suspectés d’améliorer les performances dans ses bagages. Le Croate, qui n’a jamais été contrôlé positif officiellement, maintient son innocence et défend sa vision de la discipline.
Mais au-delà des polémiques, cette performance ouvre des perspectives médicales fascinantes. Le pneumologue qui accompagnait Maricic lors de son exploit avoue lui-même son scepticisme initial face à cette durée inimaginable. « C’est un champ totalement inexploré par la médecine moderne, qui ouvre de nouvelles perspectives, peut-être même certaines qui pourraient un jour aider nos patients », suggère le médecin, visiblement impressionné par les capacités démontrées par le corps humain.
L’exploit n’est pourtant pas sans conséquences physiques. Vitomir Maricic a subi une brève hémorragie intestinale et d’énormes maux de tête suite à sa performance. Mais le champion, déjà tourné vers l’avenir, prépare son prochain défi : une plongée lestée à plus de 160 mètres de profondeur, visant à détrôner le record actuel de 156 mètres détenu par le Russe Alexey Molchanov.
« Chaque fois que je pense avoir poussé mon corps au-delà de ses limites, une opportunité apparaît », philosophe celui qui a découvert sa passion pour l’apnée dès l’âge de 4 ans dans les eaux de Rijeka, sa ville natale croate. Entre gymnastique, alpinisme, études en informatique et même un passage dans un cirque néo-zélandais, le parcours de Maricic est aussi atypique que ses performances.
Aujourd’hui, les heures passées sous l’eau ont également fait de lui un témoin privilégié des changements « horribles » subis par l’Adriatique de son enfance. Devenu ambassadeur de l’ONG Sea Shepherd, il alerte sur l’urgence de protéger la biodiversité marine : « Si nous ne protégeons pas la biodiversité et si nous ne sensibilisons pas à ce sujet […] nous faisons face à un avenir bien sombre. Et pas dans cinquante ou cent ans, mais dans les dix prochaines années. »
Alors que la communauté sportive débat de la légitimité de son Guinness record, une question essentielle persiste : jusqu’où peut-on repousser les limites humaines sans franchir la ligne rouge qui sépare l’exploit sportif de la démonstration technique ? La performance de Vitomir Maricic, entre prouesse physiologique et controverse méthodologique, continuera sans doute d’alimenter les discussions parmi les passionnés d’apnée et au-delà.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: mediacongo.net
