Alors que les dirigeants mondiaux convergent vers Belém pour la COP30, le président Félix Tshisekedi orchestre une offensive diplomatique aussi ambitieuse qu’audacieuse. Le chef de l’État congolais, porteur d’une vision qui positionne la RDC comme « pays solution » dans la lutte contre le changement climatique, déploie une stratégie à double détente : défendre l’urgence climatique tout en dénonçant ce qu’il qualifie d’« écocide » perpétré par le Rwanda dans l’Est du pays.
La participation congolaise à cette conférence climatique internationale s’articule autour d’un plaidoyer chiffré : 300 milliards de dollars annuels pour le financement de la transition écologique. Mais au-delà des considérations purement financières, Félix Tshisekedi introduit un élément géopolitique explosif en évoquant les conséquences environnementales des conflits armés. La destruction des forêts primaires, des parcs nationaux et des tourbières dans les zones de tension constituerait, selon lui, une menace grave pour l’équilibre climatique mondial.
Cette position congolaise s’inscrit dans une initiative portée par Vanuatu, Fiji et les Samoa visant à reconnaître l’écocide comme crime international autonome. Une proposition qui, si elle était adoptée, pourrait modifier fondamentalement les équilibres géopolitiques régionaux. Le président Tshisekedi joue-t-il ici une carte maîtresse en associant lutte climatique et dénonciation des agressions extérieures ?
Pendant ce temps, à Kinshasa, un autre front politique s’ouvre avec le dépôt de candidature d’Aimé Boji à la présidence de l’Assemblée nationale. Cette formalisation, bien plus qu’un simple acte protocolaire, représente un test crucial pour la cohésion de la majorité présidentielle. Le candidat de l’Union sacrée de la Nation se présente comme l’homme du consensus, alliant expérience, technicité et capacité de rassemblement.
La succession de Vital Kamerhe s’annonce comme un moment de vérité pour la plateforme présidentielle. La démonstration d’unité autour d’Aimé Boji, orchestrée par le secrétaire permanent André Mbata et soutenue par de nombreux députés, vise à projeter une image de cohésion. Mais cette apparente unanimité masque-t-elle des tensions sous-jacentes au sein de la majorité ?
La simultanéité de ces deux événements majeurs – la participation présidentielle à la COP30 et la formalisation de la candidature Boji – n’est probablement pas fortuite. Elle révèle une stratégie de communication politique cherchant à associer l’image du chef de l’État sur la scène internationale avec la stabilité des institutions nationales. Cette double actualité interroge sur la capacité du pouvoir à mener de front des réformes ambitieuses tout en maintenant l’unité de sa majorité parlementaire.
Les prochains jours s’annoncent déterminants, tant pour la position congolaise dans les négociations climatiques que pour l’équilibre des forces politiques internes. La COP30 à Belém marquera-t-elle un tournant dans la reconnaissance internationale des enjeux environnementaux spécifiques à la RDC ? Parallèlement, l’élection à la tête de l’Assemblée nationale constituera-t-elle le thermomètre de la cohésion réelle au sein de la majorité présidentielle ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
