« Apprenez à nous aimer tels que nous sommes parce qu’en nous nous avons des capacités. À part la taille, nous avons des capacités multiples. Aimez-nous, vivez avec nous et considérez-nous comme tout autre humain. » Ces mots poignants de Gloria Sembula, présidente de la Synergie des personnes de petites tailles (SPPT), résonnent comme un cri du cœur lors de la célébration de la Journée internationale du nanisme en République Démocratique du Congo.
Ce jeudi 6 octobre, les personnes atteintes de nanisme ont haussé le ton pour réclamer leur inclusion sociale et leur autonomisation à travers le pays. Une journée normalement célébrée le 25 octobre, mais recalée à cette date en RDC sous le thème significatif : « Non à l’appellation nain, oui à un langage positif et valorisant pour une République inclusive et respectueuse des droits et dignité des personnes atteintes de nanisme ».
Mais au-delà des discours et des bonnes intentions, quelle réalité vivent véritablement les personnes de petite taille au Congo ? Comment expliquer que dans une société qui se veut progressiste, des citoyens continuent d’être jugés sur leur apparence physique plutôt que sur leurs compétences réelles ?
La ministre des Personnes vivant avec handicap, Irene Esambo, a encouragé cette catégorie sociale à s’adonner au travail pour participer au développement du pays. Un message important, mais qui soulève une question fondamentale : l’environnement congolais est-il véritablement prêt à accueillir et valoriser les talents des personnes de petite taille ?
Corine Andrée Nguegan, représentante du Bureau Conjoint des Nations Unies pour le droit de l’homme (BCNUDH), apporte un éclairage crucial sur la situation : « Le BCNUDH reste pleinement engagé à soutenir les efforts de la RDC, en particulier ceux des personnes vivant avec handicap. Les Nations Unies reconnaissent que les personnes vivant avec handicap sont souvent parmi les plus vulnérables, en particulier celles atteintes de nanisme. Elles sont souvent exclues des processus de décisions et des mécanismes de réponses de politique publique. »
Cette exclusion systémique des personnes de petite taille des sphères décisionnelles représente un véritable gâchis pour la nation congolaise. Combien de talents, d’idées novatrices et de compétences précieuses sont ainsi perdues à cause de préjugés ancestraux ? L’inclusion sociale des personnes de petite taille n’est pas seulement une question de droits humains fondamentaux, mais également un enjeu de développement national.
La Journée internationale du nanisme, lancée en 2013 par l’Association québécoise des personnes de petite taille (AQPPT) en collaboration avec d’autres groupes mondiaux, met en lumière les défis quotidiens rencontrés par cette communauté. Au Congo, ces défis prennent une dimension particulière dans un contexte où les infrastructures, les transports et l’accès aux services publics ne sont pas toujours adaptés aux besoins spécifiques des personnes handicapées.
L’autonomisation des personnes handicapées, particulièrement celles atteintes de nanisme, passe nécessairement par une transformation profonde des mentalités et des structures sociales. Comment pouvons-nous espérer construire une société véritablement inclusive si nous continuons à utiliser un langage dévalorisant et à perpétuer des stéréotypes blessants ?
Les droits des personnes handicapées au Congo doivent devenir une priorité nationale, non seulement dans les textes législatifs mais surtout dans leur application concrète. L’appel des personnes de petite taille pour le respect de leur dignité et la reconnaissance de leurs capacités interpelle chaque citoyen congolais sur sa propre vision de la différence et de la diversité humaine.
La route vers une société congolaise véritablement inclusive est encore longue, mais la détermination affichée par les personnes de petite taille lors de cette journée internationale du nanisme montre que le changement est possible. Reste à savoir si la société congolaise dans son ensemble saura entendre cet appel et transformer ses structures pour permettre à chaque citoyen, quelle que soit sa taille, de contribuer pleinement au développement du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
