La zone de santé de Mangurujipa, située dans le sud du territoire de Lubero au Nord-Kivu, traverse une crise humanitaire silencieuse qui met en danger la vie de milliers de personnes. Plus de 80 000 habitants de cette région vivent sans accès sécurisé à l’eau potable depuis plusieurs années, créant un terrain propice à la propagation de maladies hydriques potentiellement mortelles.
Comment une population peut-elle survivre sans cette ressource vitale qu’est l’eau potable ? La réponse est alarmante : les habitants de Mangurujipa n’ont d’autre choix que de consommer l’eau des rivières, non traitée et contaminée. Le Dr Martial Kambumbu, médecin chef de zone, tire la sonnette d’alarme face à cette situation qui dépasse l’entendement dans une région du 21ème siècle.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec seulement 27,4% de taux d’accessibilité à l’eau potable, la zone de santé de Mangurujipa se situe bien en dessous du seuil minimal de 50% recommandé par les standards internationaux. Sur les treize aires de santé que compte cette zone, certaines ne disposent d’aucune source d’eau potable, forçant les populations à des pratiques à haut risque sanitaire.
Les conséquences sur la santé publique sont dramatiques. Le médecin chef rapporte une augmentation significative des cas de fièvre typhoïde, cette infection bactérienne grave transmise par l’eau contaminée. Les enfants de moins de 5 ans payent le plus lourd tribut, avec des taux de diarrhée inquiétants directement liés à la consommation d’eau non traitée. Ces maladies hydriques, pourtant évitables, deviennent le quotidien de familles entières.
Imaginez devoir choisir entre la soif et la maladie. C’est le dilemme auquel sont confrontés quotidiennement les habitants de Mangurujipa. La consommation d’eau des rivières expose la population à des pathogènes divers, des bactéries aux parasites, créant un cercle vicieux de maladies et de pauvreté. Comment briser ce cycle infernal ?
La solution, selon le Dr Kambumbu, réside dans l’intervention urgente des partenaires humanitaires et techniques. Des forages en eau profonde et des adductions d’eau pourraient transformer radicalement la situation sanitaire de cette zone oubliée. Ces infrastructures durables représentent un investissement nécessaire pour sauver des vies et améliorer les conditions de vie de toute une communauté.
La crise de l’eau potable à Mangurujipa n’est pas seulement une question d’infrastructure, mais une urgence de santé publique. Chaque jour sans action signifie de nouvelles infections, de nouvelles hospitalisations, et potentiellement de nouveaux décès évitables. La prévention des maladies hydriques passe inévitablement par l’accès à une eau saine.
Alors que le Nord-Kivu fait face à de multiples défis, la situation de Mangurujipa rappelle que l’accès à l’eau potable reste un droit fondamental non respecté pour de nombreux Congolais. L’appel du médecin chef résonne comme un cri d’alarme : sans intervention rapide, la crise sanitaire ne fera que s’aggraver, avec des conséquences imprévisibles sur le développement de toute la région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
