Les activités économiques et sociales ont été complètement paralysées ce lundi dans la commune rurale d’Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni. Une journée « ville morte » décrétée par la société civile locale a été strictement observée par la population, marquant le début d’une série de protestations contre l’insécurité grandissante et la mauvaise gouvernance communale.
Dès l’aube, les forces de l’ordre ont été positionnées sur les axes stratégiques, de Kinkanda au nord jusqu’à Ndwani au sud. Malgré ce déploiement sécuritaire impressionnant, la circulation est restée quasiment nulle pendant toute la matinée. Les rues habituellement animées présentaient un visage désert, témoignant de l’adhésion massive à ce mouvement de protestation.
Le marché central, habituellement bondé, est demeuré fermé. Les boutiques et les pharmacies ont gardé leurs portes closes. Seuls quelques commerçants ont été aperçus près de leurs échoppes, sans toutefois procéder à leur ouverture. La plupart des établissements scolaires n’ont pas fonctionné, les parents ayant préféré garder leurs enfants à domicile par mesure de sécurité.
Comment expliquer une telle mobilisation malgré les appels au calme des autorités ? La veille de cette journée ville morte, l’administrateur militaire du territoire de Beni, le colonel Ehuta Omeonga Charles, avait pourtant appelé la population à vaquer normalement à ses occupations. Cet appel, lancé à l’issue d’une réunion d’urgence avec les acteurs communautaires, n’a pas suffi à dissuader la société civile de maintenir son mot d’ordre.
La recrudescence des actes de banditisme depuis la mi-septembre justifie cette colère populaire. Le 17 septembre dernier, un jeune acheteur de cacao originaire d’Oïcha a été sauvagement assassiné dans le village de Cantine, dans le groupement Baswagha-Madiwe. Plus récemment, le 28 octobre, une femme a été abattue par des hommes armés non identifiés dans la commune même, tandis que son époux et l’un de leurs enfants ont été grièvement blessés.
Ces incidents répétés créent un climat de psychose parmi les habitants. La société civile locale estime que les autorités n’ont pas pris les mesures suffisantes pour endiguer cette vague de violence. À travers ces journées de protestation, elle entend interpeller directement les autorités militaires et administratives sur l’urgence de la situation.
Quelles solutions concrètes peuvent être apportées face à cette insécurité persistante dans le Nord-Kivu ? La société civile réclame des changements profonds au sein de l’administration locale, jugeant certains responsables incapables de répondre aux attentes légitimes de la population en matière de sécurité.
Le premier rapporteur de la société civile en commune d’Oïcha, Darius Syahera, s’est félicité du succès de cette première journée. Il a remercié l’ensemble de la population pour son adhésion au mouvement, tout en l’appelant à persévérer jusqu’à l’obtention de résultats concrets. Le départ de la bourgmestre de la commune d’Oïcha figure parmi les revendications exprimées.
Malgré la tension palpable, aucune casse ni violence n’a été enregistrée durant cette journée de protestation. Cette discipline observée par les manifestants démontre le caractère pacifique de leur mouvement, mais aussi leur détermination à voir aboutir leurs revendications.
La situation sécuritaire à Oïcha reflète les défis plus larges auxquels fait face la région du Beni. Le banditisme armé continue de semer la terreur parmi les populations civiles, malgré les efforts déployés par les forces de sécurité. Cette protestation citoyenne marque un tournant dans la mobilisation des populations locales pour la défense de leurs droits fondamentaux à la sécurité et à une administration efficace.
Les prochains jours seront déterminants pour l’évolution de cette crise. Les autorités provinciales et nationales seront-elles à l’écoute de ce cri d’alarme lancé par la population d’Oïcha ? La réponse apportée à ces revendications légitimes pourrait influencer durablement le climat social et sécuritaire dans l’ensemble du territoire de Beni.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
