Dans les villages reculés du groupement Ikobo, au territoire de Walikale, un drame humanitaire silencieux se joue loin des regards. Les retournés Ikobo, ces populations revenues de Lubero après des mois de déplacement, luttent quotidiennement pour leur survie dans des conditions qui défient l’entendement.
« Nous avons fui les violences pour retrouver nos terres, mais nous avons découvert l’enfer », confie, la voix brisée, un habitant de Misona. Le désespoir se lit dans les yeux de ces hommes et femmes qui ont tout perdu. Leurs champs, autrefois source de nourriture et de revenus, ne sont plus que des étendues dévastées, incapables de nourrir leurs familles.
La situation alimentaire devient critique dans ces territoires Lubero où la malnutrition guette les plus vulnérables. Comment ces populations peuvent-elles se reconstruire lorsque l’accès aux soins médicaux relève du parcours du combattant ? Les structures de santé locales, déjà fragiles, ont cessé de fonctionner depuis des mois, laissant la population face à son sort.
« Chaque jour apporte son lot de malades. Diarrhées, paludisme, infections cutanées… La liste est longue et le remède absent », déplore un résident de Mashuta.
L’eau potable, ce besoin fondamental, se transforme en source de maladies hydriques. Les retournés sont contraints de consommer une eau impropre, faute d’alternative. Les conséquences sanitaires sont désastreuses et la prise encharge médicale quasi inexistante. Faut-il rappeler que dans cette crise humanitaire Nord-Kivu, ce sont des vies humaines qui sont en jeu ?
L’éducation des enfants n’est pas épargnée par cette précarité généralisée. Les frais scolaires deviennent un luxe inaccessible pour des familles qui peinent déjà à se nourrir. Quelle perspective d’avenir peut-on offrir à une génération privée d’éducation et confrontée à tant de privations ?
La réponse humanitaire tarde à se concrétiser dans ces zones reculées. Pendant ce temps, les conditions de vie se dégradent inexorablement. Les organisations humanitaires sont-elles au courant de l’ampleur de cette détresse ? L’aide humanitaire RDC parvient-elle jusqu’à ces communautés oubliées ?
« Nous lançons un appel pathétique aux bonnes volontés. Des vivres, des médicaments, de l’eau potable… Tout nous manque », implore un leader communautaire de Kanune Bunyakahindo.
La situation sécuritaire complexe dans la région complique davantage l’accès aux soins. Les populations doivent parcourir de longues distances jusqu’aux territoires de Lubero et Rutshuru, s’exposant à de nouveaux dangers. Comment justifier qu’en 2024, des citoyens congolais doivent choisir entre se soigner et risquer leur vie ?
Cette crise met en lumière les défaillances structurelles d’un système qui abandonne ses citoyens les plus vulnérables. Les conditions précaires Walikale ne sont-elles pas le reflet d’un abandon plus large des zones rurales congolaises ? Jusqu’à quand ces populations devront-elles survivre plutôt que vivre ?
La solidarité nationale et internationale doit se mobiliser urgemment pour ces retournés qui tentent de reconstruire leur vie dans des circonstances extrêmement difficiles. Le temps presse, et chaque jour perdu aggrave un peu plus une situation humanitaire déjà catastrophique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
