Dans un revirement stratégique, les autorités kinoises ont décidé de reporter de quinze jours l’opération de vérification des certificats de contrôle technique des véhicules. Cette annonce, faite par le ministre provincial des Transports Jésus-Noël Sheke, intervient alors que l’opération devait initialement démarrer ce lundi 3 novembre. Le report au 17 novembre soulève plusieurs interrogations sur la préparation de cette mesure phare de sécurité routière.
Le ministre justifie cette décision par « l’engouement observé dans les centres de contrôle technique » et la volonté de permettre à tous les automobilistes de « régulariser leur situation dans de bonnes conditions ». Cette explication officielle masque-t-elle des difficultés logistiques non anticipées par l’exécutif provincial ? La communication gouvernementale insiste sur la dimension civique de cette prolongation, présentée comme une mesure d’accompagnement plutôt qu’un recul.
« Sur instruction de son Excellence Monsieur le Gouverneur de la ville de Kinshasa, une prolongation de 14 jours est accordée pour permettre à tous ceux qui n’ont pas encore pu faire contrôler leurs véhicules de le faire sans encombre », a déclaré le ministre Sheke. Et d’ajouter, dans une formule soigneusement calibrée : « Ce n’est pas un décrochage, mais un encouragement au civisme démontré par la population kinoise. » Cette rhétorique vise manifestement à transformer une révision de calendrier en preuve de flexibilité gouvernementale.
Le contrôle technique des véhicules représente pourtant un enjeu crucial de sécurité routière au Congo. Destiné à prévenir les accidents dus à des défaillances mécaniques, son implémentation effective constituerait un progrès notable dans la modernisation des infrastructures de transport. Mais sa mise en œuvre rencontre visiblement des obstacles que les autorités n’avaient pas pleinement anticipés.
Quelles sont les véritables raisons de ce report ? S’agit-il simplement de répondre à un afflux massif dans les centres de contrôle technique, comme l’affirme le ministre, ou faut-il y voir les signes avant-coureurs de difficultés structurelles plus profondes ? La gestion de ce dossier test pourrait révéler la capacité réelle de l’administration provinciale à mener à bien des réformes techniques d’envergure.
Les automobilistes kinois, quant à eux, accueillent cette prolongation avec un mélange de soulagement et de scepticisme. Si certains voient dans ce délai supplémentaire une opportunité de se mettre en conformité sans pression temporelle excessive, d’autres s’interrogent sur l’efficacité réelle d’un système qui semble déjà rencontrer des problèmes de mise en œuvre.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour évaluer la crédibilité de cette politique de sécurité routière à Kinshasa. Le gouvernement provincial joue son crédit sur sa capacité à mener à bien cette opération après le report. L’échec ou le succès de ce contrôle technique des véhicules pourrait bien devenir le baromètre de l’efficacité administrative dans la capitale congolaise.
Entre volonté politique affichée et réalités terrain, l’exécutif kinois devra démontrer que ce report constitue véritablement une optimisation stratégique plutôt qu’un aveu de difficultés organisationnelles. La population, elle, observe et attend des actes concrets qui garantiront une meilleure sécurité sur les routes de la capitale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
