Les pourparlers de paix entre Kinshasa et la rébellion du M23 entrent dans une phase décisive cette semaine à Doha, alors que le président Félix-Antoine Tshisekedi confirme la reprise imminente des négociations sous médiation qatarie. Cette annonce, faite lors d’un échange avec la diaspora congolaise au Caire, marque un tournant dans la gestion diplomatique d’un conflit qui ensanglante l’Est de la République Démocratique du Congo depuis des années.
Le chef de l’État congolais a dévoilé la feuille de route stratégique qui succéderait aux négociations paix RDC M23 : « Ce n’est qu’après la conclusion de l’accord de Doha que Washington convoquera le président rwandais et moi-même pour entériner définitivement les deux accords ». Cette déclaration souligne l’imbrication complexe des processus de paix et la volonté affichée de l’administration Trump de s’impliquer directement dans la résolution de cette crise régionale.
Mais derrière cette avancée diplomatique apparente se cachent des tensions persistantes. Tshisekedi n’a pas mâché ses mots concernant le voisin rwandais, accusant Paul Kagame de poursuivre des « intentions belliqueuses et hégémoniques » visant à « scinder notre pays et occuper, voire annexer la partie Est ». Ces accusations, portées devant la communauté congolaise d’Égypte, illustrent la défiance qui continue de caractériser les relations entre les deux capitales.
L’échec de la signature de l’Accord de paix de Luanda en décembre 2024, dû selon Kinshasa à l’absence du président rwandais, pèse lourdement sur le climat des pourparlers Doha. La RDC a-t-elle mis tous les atouts de son côté en développant une « diplomatie efficace » capable de « sanctionner le Rwanda » au niveau international ? La question mérite d’être posée alors que les populations de l’Est continuent de payer le prix fort de ce conflit.
Parallèlement aux manœuvres diplomatiques, le gouvernement congolais tente de répondre à l’urgence humanitaire. Le président a réaffirmé son engagement à soulager les souffrances des populations de Goma, évoquant des préparatifs avancés pour le lancement de vols humanitaires. Cette initiative s’appuierait sur la pression diplomatique enclenchée depuis février, qui aurait permis des avancées vers la réouverture de l’aéroport de la capitale du Nord-Kivu.
Le processus paix Washington représente-t-il la solution miracle tant attendue ? Rien n’est moins certain. La complexité du conflit Est Congo, où se mêlent enjeux miniers, tensions ethniques et ingérences régionales, nécessite une approche multidimensionnelle que les seules négociations politiques ne sauraient résoudre. La diplomatie Tshisekedi joue sur plusieurs tableaux simultanément, mais parviendra-t-elle à concilier impératifs humanitaires, revendications sécuritaires et réalités géopolitiques ?
Alors que les discussions s’annoncent ardues à Doha, la communauté internationale observe avec attention l’évolution de ces pourparlers. L’enjeu dépasse largement la simple signature d’un accord : il s’agit de redéfinir les équilibres régionaux et d’offrir enfin des perspectives de stabilité à des populations meurtries par des décennies de violence. Le succès ou l’échec de ces négociations déterminera pour une large part l’avenir de toute la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
