Une violence absurde a frappé la localité de Zale, dans le territoire de Mahagi en Ituri, samedi 1ᵉʳ novembre. Le drame s’est déroulé dans un débit de boisson situé à proximité immédiate de l’aérodrome local. Selon plusieurs sources sécuritaires concordantes, l’incident trouve son origine dans un conflit passionnel au sein du contingent ougandais présent dans la région.
Un sergent des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), visiblement en état d’ébriété avancée, aurait confronté un major de son propre contingent. L’objet du différend ? Une relation que ce dernier entretenait avec sa concubine. La discussion a rapidement viré au conflit ouvert, prenant une tournure dramatique que personne n’aurait pu anticiper.
La situation a basculé lorsque le sergent, hors de lui, a sorti son arme. Les premiers coups de feu ont immédiatement fauché le major et son garde du corps. Dans sa folie meurtrière, le militaire s’est ensuite retourné contre la femme ougandaise au cœur de la dispute, l’abattant froidement. Le bilan aurait pu être encore plus lourd sans l’intervention rapide des autres soldats présents sur les lieux.
Mais le drame ne s’est pas arrêté là. Une vendeuse d’alcool congolaise, simple témoin de la scène, a été touchée par des balles perdues. Grièvement blessée, elle a été évacuée vers l’hôpital général de Mahagi où elle a succombé à ses blessures dans la matinée du dimanche. Sa mort transforme ce qui était un règlement de comptes entre militaires en une tragédie touchant la population civile locale.
L’auteur de la fusillade a finalement été maîtrisé par ses camarades d’armes. Une opération qui intervient malheureusement trop tard pour éviter le pire. Les corps des trois victimes ougandaises et le suspect ont été transférés vers Nebbi, en Ouganda, où les autorités militaires devront ouvrir une enquête et déterminer les responsabilités dans cette affaire.
Comment un simple différend personnel a-t-il pu dégénérer en une telle tragédie ? Cette question hante désormais les habitants de Zale et l’ensemble du territoire de Mahagi. L’incident soulève des interrogations profondes sur le comportement des troupes étrangères présentes sur le sol congolais et leur relation avec les populations locales.
La société civile de Mahagi ne cache pas son indignation face à ce qu’elle qualifie de « bavure de trop ». Les représentants locaux pointent du doigt l’impunité dont bénéficieraient certains éléments des forces ougandaises stationnées dans la région. Des groupes de jeunes se sont mobilisés pour exiger justice et réparation, particulièrement pour la famille de la vendeuse congolaise tragiquement emportée dans cette violence absurde.
Ce drame intervient dans un contexte sécuritaire déjà tendu dans la province de l’Ituri, où différents groupes armés et forces régulières cohabitent difficilement. L’incident de Zale risque de fragiliser davantage les relations entre la population et les forces ougandaises présentes dans le cadre d’opérations conjointes contre les groupes rebelles actifs dans la région.
Les autorités congolaises locales suivent de près l’évolution de cette affaire délicate. La présence de soldats ougandais sur le territoire national reste un sujet sensible, et cet incident pourrait compliquer les relations déjà complexes entre Kinshasa et Kampala. La question des compensations pour les victimes civiles congolaises se pose avec acuité, alors que les familles endeuillées attendent des réponses concrètes.
La fusillade de Mahagi rappelle tragiquement que les conflits internes au sein des forces de sécurité peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour les populations civiles. Alors que l’enquête se poursuit du côté ougandais, les habitants de Zale tentent de retrouver un semblant de normalité, marqués par cette violence qui a frappé au cœur de leur communauté.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
