Le retour de Dany Banza Maloba à Kinshasa ce samedi 8 novembre 2025 s’apparente à une manœuvre politique soigneusement chorégraphiée dans l’arène congolaise. L’ancien ambassadeur itinérant du président Félix Tshisekedi et autorité morale du parti Avenir du Congo (ACO) effectue son retour après un long séjour à l’étranger, dans un contexte où les tensions au sein de l’entourage présidentiel atteignent un point critique.
Que signifie véritablement ce retour pour l’équilibre des forces au sein de la majorité présidentielle ? La déclaration de Banza concernant son intention de « saluer le président de la République » avant de rejoindre son fief politique dissimule-t-elle des ambitions plus profondes ? Ces questions traversent les cercles politiques kinois alors que l’ancien soutien de première heure du chef de l’État regagne la capitale.
Les accusations portées par Dany Banza Maloba contre Kahumbu Mandungu Bula, conseiller privé du chef de l’État, et Lisette Kabanga Tshibwabwa, directrice de cabinet du coordonnateur du Conseil national de la cyberdéfense, révèlent des fractures significatives au sein de l’appareil présidentiel. « Le complot vient des collaborateurs de la Présidence et ces collaborateurs sont connus », avait-il affirmé sans ambages lors d’un entretien médiatique à Likasi fin septembre 2025.
La tournée que prépare l’ancien ambassadeur itinérant dans les provinces du Haut-Katanga, du Lualaba, du Haut-Lomami et du Tanganyika représente-t-elle une tentative de reconstituer sa base politique dans le Grand Katanga ? Considéré il y a peu comme l’un des relais politiques du chef de l’État dans cette région stratégique, Banza semble vouloir réaffirmer son influence territoriale dans un jeu d’échecs politique où chaque déplacement est lourd de sens.
Le parcours politique de Dany Banza Maloba épouse les contours des recompositions successives de la scène politique congolaise. Son retrait du G7 en 2018, matérialisé par une correspondance adressée à Pierre Lumbi où il évoquait des « divergences difficiles à concilier », avait ouvert la voie à son ralliement à Félix Tshisekedi. Ce soutien précoce lui avait valu une place dans le cercle rapproché du pouvoir et plusieurs nominations comme ambassadeur itinérant du chef de l’État.
Mais l’absence de reconduction lors du dernier remaniement a marqué un tournant dans sa relation avec le sommet de l’État. La prise de distance progressive avec le pouvoir qu’il avait contribué à installer interroge sur l’évolution des équilibres au sein de la majorité présidentielle. Le président Tshisekedi joue-t-il un double jeu en maintenant à distance un de ses premiers soutiens tout en tolérant les manœuvres de ses collaborateurs ?
La situation actuelle révèle les tensions sous-jacentes qui traversent l’appareil d’État congolais. Les accusations de complot portées par Banza mettent en lumière les luttes d’influence qui se jouent dans l’ombre du pouvoir. Ces tensions pourraient-elles fragiliser la cohésion de la majorité présidentielle à l’approche des prochains scrutins ?
La stratégie de Dany Banza Maloba, articulée autour d’un retour médiatisé à Kinshasa suivi d’une tournée dans son fief katangais, ressemble à une démonstration de force destinée à rappeler son poids politique. En réaffirmant sa loyauté au président tout en dénonçant ses collaborateurs, l’ancien ambassadeur itinérant tente de naviguer entre allégeance et affirmation de son autonomie politique.
Les prochains jours révèleront si cette manœuvre permettra à Dany Banza Maloba de retrouver son influence au sein des cercles du pouvoir ou si elle marquera au contraire son exclusion définitive de l’entourage présidentiel. La réponse du chef de l’État à ce retour, ainsi que l’accueil réservé à Banza lors de sa tournée katangaise, constitueront des indicateurs déterminants de l’évolution des rapports de force au sein de la majorité présidentielle congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
