À Mbuji-Mayi, le constat est amer. Vingt années se sont écoulées depuis l’adoption de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et pourtant, sur le terrain du Kasaï Oriental, les femmes attendent toujours sa pleine mise en œuvre. Comment expliquer ce décalage entre les textes internationaux et la réalité vécue par des milliers de Congolaises ?
Evelyne Mbata, coordonnatrice des Programmes Afrique du Réseau Mondial des Femmes Bâtisseuses de paix (GNWP), ne cache pas sa déception. « J’aimerais bien que la résolution 1325 des Nations Unies soit plus avancée », confie-t-elle, le visage marqué par une certaine lassitude. Son témoignage, livré lors des commémorations de l’anniversaire de ce texte fondamental, résonne comme un cri d’alarme dans la province.
La situation des femmes au Kasaï Oriental reste préoccupante. Malgré les promesses portées par la Résolution 1325 ONU, leur participation aux processus de paix et aux instances décisionnelles demeure symbolique. « Nous aurions aimé pouvoir dire qu’il n’y a plus de guerre à travers le monde, que les femmes participent réellement aux tables de négociation, et qu’elles occupent 50 % des postes de décision. Ce n’est pas encore le cas », déplore Evelyne Mbata.
Le travail du Centre féminin de formation et d’information pour le développement (CEFFIDE), soutenu par GNWP Afrique, permet cependant de maintenir une lueur d’espoir. Cette structure locale œuvre inlassablement pour accompagner l’application concrète de la résolution dans la province. Mais le chemin reste long, semé d’obstacles structurels et culturels.
Qu’est-ce qui bloque véritablement l’effectivité des droits femmes RDC ? La réponse d’Evelyne Mbata est sans appel : « C’est une résolution sans contraintes pour les pays ». Cette absence de mécanisme contraignant expliquerait en partie les lenteurs observées dans la mise en œuvre. Pourtant, le potentiel de ce texte est immense, particulièrement dans des régions comme le Kasaï Oriental qui ont connu des cycles de violence.
La participation femmes paix représente pourtant un enjeu crucial pour la stabilisation de la région. Les femmes congolaises, premières victimes des conflits, sont aussi les mieux placées pour apporter des solutions durables. Leur expertise terrain, leur connaissance des communautés et leur capacité de résilience constituent des atouts précieux dans la construction de la paix.
Malgré les défis, l’optimisme persiste. Evelyne Mbata et ses collaboratrices restent déterminées à poursuivre le combat. Leur objectif ? Faire de la Résolution 1325 « une réalité vécue par les femmes partout en Afrique ». Un engagement qui nécessitera une mobilisation accrue des autorités locales et nationales, ainsi qu’un soutien renforcé de la communauté internationale.
Alors que l’on célèbre les 25 ans de ce texte fondateur, le Kasaï Oriental nous rappelle cruellement que les meilleures intentions ne suffisent pas. Il faut des actions concrètes, des moyens appropriés et une volonté politique ferme pour transformer les promesses en réalités tangibles. Les femmes de la province attendent toujours que leur voix soit véritablement entendue dans les espaces où se décide leur avenir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
