Dans un contexte politique congolais marqué par des tensions persistantes, Freddy Kita, coordonnateur de la plateforme « Camp de la République », a une nouvelle fois brandi l’étendard de l’unité nationale. Samedi 1er novembre, à l’issue d’une messe d’action de grâce célébrée à la Cathédrale Notre-Dame du Congo, le leader politique a réitéré son plaidoyer pour la paix et la cohésion nationale, dans une allocution qui interpelle autant qu’elle rassemble.
La présence massive des Kinoises et Kinois venus participer à ce culte témoigne-t-elle d’une soif d’apaisement dans la capitale ? Cette démonstration de ferveur populaire semble confirmer que la quête de paix en RDC dépasse les clivages politiques traditionnels. Freddy Kita, dans sa déclaration, a martelé un message simple mais fondamental : « La RDC a besoin de l’apport de toutes ses filles et de tous ses fils pour assurer son développement durable. » Une formule qui sonne comme un rappel à l’ordre face aux divisions qui minent le pays.
Le positionnement du Camp de la République s’inscrit dans la dynamique du « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands Lacs », une initiative portée par les évêques catholiques et les pasteurs protestants. Cette convergence entre sphère politique et religieuse n’est pas anodine. Elle révèle une stratégie de légitimation qui puise dans le capital symbolique des institutions confessionnelles, traditionnellement influentes dans le paysage congolais.
« Nous sommes des Bantous, et l’arbre à palabres a toujours existé. Tant que l’homme vivra sur cette terre, il y aura des discussions et des dialogues », a argumenté Freddy Kita, convoquant la tradition pour justifier l’impératif du dialogue politique en RDC. Le coordonnateur a poursuivi avec une nuance significative : « Bien que le Chef de l’État fasse tout pour que la paix devienne une réalité vivante, nous aussi, en tant qu’acteurs politiques et citoyens congolais, avons le devoir d’appeler tout le monde à la paix et à l’unité. » Cette formulation soulève une question sous-jacente : les efforts présidentiels suffisent-ils à établir une paix durable ?
La justification sécuritaire avancée par Kita mérite examen : « Car nous avons constaté que seule l’unité nous permettra de récupérer les territoires sous occupation. » Le lien ainsi établi entre cohésion nationale et reconstitution de la souveraineté territoriale dans l’Est du pays constitue un argument politique fort, qui place la question sécuritaire au cœur du projet d’unité nationale.
L’homélie de l’abbé Camille Isika, s’appuyant sur l’Évangile selon Luc, a offert un ancrage moral au discours politique. Le prélat catholique a exhorté les Congolais à faire preuve de justice tout au long de leur vie, soulignant qu’« il est essentiel que les plus forts protègent les plus faibles, afin de renforcer le sentiment d’unité nationale ». Cette injonction religieuse rejoint le plaidoyer politique, créant une synergie entre valeurs évangéliques et impératifs citoyens.
La récurrence de ces appels à l’unité interroge. En septembre dernier déjà, le Camp de la République organisait un meeting populaire au terrain Assossa, dans la commune de Kasa-Vubu, où le même message avait été délivré. Cette persistance dans le discours traduit-elle une préoccupation sincère ou relève-t-elle d’une stratégie de positionnement dans l’échiquier politique congolais ? La question mérite d’être posée alors que le pays s’achemine vers des échéances électorales cruciales.
Le choix de la Cathédrale Notre-Dame du Congo comme cadre de cet événement n’est pas neutre. Ce lieu chargé d’histoire et de symbolisme confère une solennité particulière au message délivré. Freddy Kita semble ainsi chercher à ancrer son plaidoyer pour la paix en RDC dans une dimension presque sacrée, transcendante les divisions partisanes.
Au-delà des déclarations d’intention, quel impact concret peut avoir ce type d’initiative sur la résolution des crises qui secouent la RDC, particulièrement dans sa partie orientale ? La réponse reste en suspens. Si les appels à l’unité nationale se multiplient, les mécanismes concrets de dialogue politique peinent à se matérialiser. Le véritable enjeu réside peut-être dans la capacité des acteurs politiques à transformer ces belles paroles en actions tangibles.
La démarche de Freddy Kita et du Camp de la République s’inscrit dans une tradition congolaise de recherche de consensus, mais elle intervient dans un contexte particulièrement fragmenté. Le succès de cette initiative dépendra de sa capacité à fédérer au-delà des cercles déjà convaincus, et à proposer des solutions concrètes aux défis sécuritaires, économiques et sociaux qui minent le pays. L’unité nationale, si souvent invoquée, reste-t-elle un horizon accessible ou une simple incantation rhétorique ? L’avenir proche nous apportera certainement des éléments de réponse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
