Dans un geste qui a surpris plus d’un observateur de la scène politique congolaise, Lambert Makondjo a choisi de tirer sa révérence à la tête de l’Assemblée provinciale du Sankuru. Cette décision, intervenue au cœur d’une séance plénière particulièrement tendue, marque un tournant dans les turbulences institutionnelles qui secouent cette province du centre de la République Démocratique du Congo.
La démission du président Makondjo survient dans un contexte où les pressions s’étaient considérablement accrues autour de sa gestion. Les pétitionnaires, dont la voix a finalement trouvé écho, pointaient du doigt des dysfonctionnements dans la gestion financière de l’institution, ainsi que des blocages persistants entravant la mise en œuvre des projets de développement provincial. Ces accusations, si elles n’ont pas été formellement validées par une instance judiciaire, ont néanmoins créé un climat de défiance suffisamment lourd pour précipiter la chute du président.
Comment comprendre cette décision soudaine de jeter l’éponge après avoir présenté ses moyens de défense ? La réponse se niche peut-être dans l’argument avancé par l’intéressé lui-même : la préservation de la stabilité des institutions provinciales. Une justification qui, sous couvert de noblesse républicaine, ne masque qu’imparfaitement les réalités d’un pouvoir provincial en pleine recomposition. Le président Makondjo a-t-il véritablement agi par souci de l’intérêt général, ou bien a-t-il cédé à des pressions politiques devenant insoutenables ?
Cette démission au Sankuru s’inscrit dans une dynamique plus large de fragilisation des institutions délibérantes provinciales en RDC. Les Assemblées provinciales, censées incarner la démocratie locale, semblent de plus en plus souvent devenir le théâtre de règlements de comptes politiques, au détriment de leur mission fondamentale de contrôle et de législation. La crise politique au Sankuru n’est-elle que le reflet des difficultés structurelles que traverse la décentralisation congolaise ?
Les implications de cette démission sont multiples. D’abord, elle met un terme, du moins provisoirement, aux conflits récurrents qui paralysaient l’organe délibérant de la province. Ensuite, elle ouvre une période d’incertitude quant à la succession et la future orientation politique de l’institution. La recomposition de la direction de l’Assemblée provinciale s’annonce comme un exercice délicat, où les équilibres politiques devront être renegociés dans un climat que les observateurs espèrent plus apaisé.
Reste que cette démission au Sankuru pose avec acuité la question de la résilience des institutions démocratiques congolaises face aux crises politiques. Les mécanismes de résolution des conflits au sein des Assemblées provinciales sont-ils suffisamment robustes pour garantir la continuité du travail parlementaire ? La démission de Lambert Makondjo constitue-t-elle un précédent dangereux ou au contraire une démonstration de maturité politique ?
La balle est désormais dans le camp des élus provinciaux qui devront choisir un nouveau leadership capable de restaurer la crédibilité de l’institution tout en relevant le défi du développement du Sankuru. Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir politique de cette province et, au-delà, pour la consolidation de la démocratie locale en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
