La Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, coorganisée par le Togo et la France à Paris ce jeudi 30 octobre 2025, a marqué un moment décisif dans la recherche de solutions durables aux crises qui secouent cette partie de l’Afrique. Cet événement diplomatique d’envergure a rassemblé des acteurs clés de la scène internationale autour d’un objectif commun : transformer l’urgence humanitaire en perspectives de développement pérenne.
Le président du Conseil du Togo, Faure Essozimna Gnassingbé, en sa qualité de médiateur de l’Union africaine pour la région des Grands Lacs, a dressé un constat sans appel devant ses homologues Emmanuel Macron et Félix Tshisekedi. Selon son analyse, l’exploitation minière illégale RDC constitue le cœur du problème, alimentant directement ce qu’il a qualifié d’économie de guerre est Congo. « L’exploitation minière informelle, le commerce illicite des ressources et la contrebande continuent d’alimenter les groupes armés et d’appauvrir les communautés », a-t-il déclaré avec une franchise remarquée.
La pertinence de cette conférence paix Grands Lacs réside dans sa volonté d’attaquer le mal à sa racine. Comment espérer une paix durable lorsque les ressources naturelles de la région servent à financer la violence ? Cette question fondamentale a traversé toutes les interventions. Le médiateur togolais a insisté sur l’impérieuse nécessité de « rendre chaque ressource traçable, intégrer les communautés dans les chaînes légales et faire de la transformation locale une priorité de sécurité ».
Le diagnostic posé par Faure Gnassingbé révèle une réalité souvent occultée : la crise humanitaire RDC n’est pas seulement la conséquence des conflits armés, mais également le produit d’un système économique perverti. « Dans l’est de la RDC, la souffrance ne vient pas seulement du conflit, mais de l’économie de guerre qui l’entretient », a-t-il souligné, mettant en lumière le cercle vicieux qui lie exploitation des ressources et perpétuation des violences.
Au-delà du constat, la conférence a esquissé des pistes de solution concrètes. La transformation de l’économie extractive apparaît comme la clé de voûte d’une paix durable. « La paix dans les Grands Lacs ne doit pas être une simple pause dans le combat, elle doit être une transformation de l’économie extractive, une rupture avec l’exploitation illégale », a plaidé le leader togolais. Cette vision suppose une refonte complète des circuits économiques, depuis l’extraction jusqu’à la commercialisation des minerais.
L’approfondissement de l’intégration économique régionale figure parmi les leviers identifiés pour briser le cycle infernal des groupes armés financement minerais. Les organisateurs de la conférence considèrent cette intégration comme essentielle pour établir les bases d’une prospérité partagée. Cette approche régionale pourrait-elle constituer l’antidote aux économies de guerre qui minent la stabilité de l’est congolais ?
La dimension morale de l’engagement international a également été au centre des débats. Faure Gnassingbé a qualifié la crise humanitaire dans les Grands Lacs de « test moral pour le monde et un test pour l’Afrique ». Son plaidoyer pour « transformer la compassion en solution et l’urgence en avenir » résume l’ambition de cette initiative diplomatique. La solidarité internationale doit désormais se muer en actions concrètes et structurantes.
Cette conférence s’inscrit dans la dynamique de négociation et de médiation portée par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine. Elle représente une étape supplémentaire dans la recherche de solutions multilatérales à une crise aux ramifications complexes. La présence conjointe de dirigeants africains et européens témoigne de la reconnaissance de la dimension internationale du problème.
Le chemin vers la pacification complète de la région des Grands Lacs demeure semé d’embûches, mais les engagements pris lors de cette conférence pourraient marquer un tournant décisif. La traçabilité des ressources minières, l’intégration économique régionale et le renforcement des chaînes de valeur légales constituent les piliers sur lesquels reposent désormais les espoirs de paix. La mise en œuvre effective de ces résolutions déterminera si cette initiative diplomatique restera dans les annales comme un moment historique ou simplement une autre déclaration d’intention.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
