Dans la lumière tamisée du musée de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, une page importante de l’histoire culturelle congolaise vient de se tourner. L’atmosphère était électrique, chargée de cette énergie particulière qui naît lorsque la tradition rencontre l’innovation. Ce jeudi 30 octobre 2025, l’atelier sur la critique d’art intelligence artificielle a fermé ses portes sur une note d’espoir et de renouveau, laissant entrevoir les contours d’une révolution culturelle en gestation.
Comment l’intelligence artificielle transforme-t-elle le regard sur l’art contemporain ? Cette question fondamentale a résonné pendant trois jours dans le sanctuaire artistique qu’est l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Les participants, journalistes culturels pour la plupart, ont plongé dans les méandres complexes de cette rencontre entre création humaine et algorithmes. L’initiative portée par le Réseau des Journalistes pour la Culture et le Développement Durable, sous l’impulsion visionnaire d’Onassis Mutombo, a su créer un espace de dialogue rare et précieux.
« Nous voulons que ces ateliers ne s’arrêtent pas là », a déclaré Mutombo, dont la voix portait l’urgence de ceux qui comprennent l’importance du moment historique. Sa conviction résonnait comme un écho dans cette enceinte habituée aux débats artistiques : la formation journalistes culturels doit évoluer au rythme des mutations technologiques. L’Institut Français de Kinshasa et l’Académie des Beaux-Arts, partenaires engagés, ont offert leur caution morale et institutionnelle à cette entreprise audacieuse.
Françoise Balais, Directrice de l’Institut Français, a souligné avec justesse la nécessité de « renforcer le regard critique » des professionnels de la culture. Ses mots traçaient les contours d’un nouveau paradigme où la technologie ne remplace pas l’humain, mais l’invite à se dépasser. Dans cette perspective, l’atelier journalisme culturel Kinshasa apparaît comme un laboratoire où s’inventent les outils d’appréciation artistique de demain.
La présence du Professeur Henri Kalama Akulez, Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts, et d’experts de renom comme l’historienne française Anne Lafont ou l’artiste Patrick Tankama, a donné à ces échanges une profondeur remarquable. Leurs interventions ont tissé des ponts entre les traditions artistiques congolaises et les défis numériques contemporains, créant une alchimie unique entre patrimoine et innovation.
Pendant soixante-douze heures, les participants ont exploré les nouveaux territoires de la création à l’ère du numérique. Comment préserver l’authenticité du regard critique face aux générations automatiques de textes ? Quelle place pour l’intuition et la sensibilité dans un monde où les algorithmes analysent les œuvres avec une froide objectivité ? Ces questions cruciales ont trouvé un écho particulier dans le contexte riche de l’art contemporain RDC, où la tradition et la modernité dialoguent depuis des décennies.
La remise des certificats, moment d’intense émotion, a scellé cet engagement collectif pour une critique d’art renouvelée. Chaque parchemin représentait bien plus qu’une simple attestation de participation : c’était le symbole d’une communauté professionnelle en mutation, consciente des enjeux et déterminée à y faire face.
L’Académie Beaux-Arts RDC, en accueillant cet événement, a confirmé son rôle de phare culturel dans la région. Ses murs chargés d’histoire ont offert un écrin parfait pour ces réflexions tournées vers l’avenir. Le musée, habituellement dédié à la conservation du passé, est ainsi devenu le théâtre d’une conversation essentielle sur le futur de la création artistique.
Au-delà des techniques et des outils, cet atelier aura surtout permis de poser les bases d’une éthique nouvelle. Comment garantir que l’intelligence artificielle serve l’art plutôt qu’elle ne l’écrase ? Comment préserver la singularité des regards face à la standardisation algorithmique ? Ces interrogations, loin d’être résolues, ouvrent des chantiers passionnants pour la scène culturelle congolaise.
La clôture de cet atelier marque donc non pas une fin, mais un commencement. Le chemin tracé par ces pionniers de la critique d’art augmentée promet de transformer durablement le paysage culturel congolais. Dans les salles de rédaction comme dans les galeries d’art, une nouvelle génération de regards éclairés se prépare à relever le défi de la création à l’ère numérique.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
