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Tanzanie 2024 : la répression s’intensifie après des élections contestées

La Tanzanie plonge dans une crise politique sans précédent au lendemain des élections présidentielle et parlementaires de 2024. La capitale économique Dar es Salaam reste le théâtre de violences persistantes où les forces de sécurité déploient une répression brutale contre les manifestants. Ce jeudi 30 octobre, la situation demeure extrêmement tendue avec des détonations retentissant dans plusieurs quartiers de la métropole tanzanienne.

Les témoignages recueillis décrivent des scènes de violence policière inquiétantes. Des citoyens rapportent avoir vu les forces de l’ordre frapper des manifestants à coup de matraque et les contraindre à se rouler dans la boue dans un apparent objectif d’humiliation. Le couvre-feu décrété mercredi soir reste en vigueur, paralysant complètement la vie économique et sociale. Écoles et commerces sont fermés, tandis que toute personne tentant de sortir est immédiatement sommée de regagner son domicile.

Comment comprendre cette escalade de violence dans un pays considéré jusqu’ici comme relativement stable en Afrique de l’Est ? La réponse se trouve peut-être dans le blackout informationnel délibéré. Les connexions internet et 4G, brièvement rétablies dans la journée, ont été à nouveau coupées, isolant davantage la population et empêchant la diffusion d’informations indépendantes sur la situation réelle.

Malgré cette censure, des informations parviennent à filtrer des principales villes du pays. La révolte populaire se serait propagée à Arusha, Kigoma, Mwanza et Songwe, suggérant une contestation d’ampleur nationale. À Arusha, une habitante témoigne sous couvert d’anonymat : « On entend des coups de feu jusqu’en début de soirée. Ici, on vit au jour le jour, surtout les taxis-motos. Ça ne pourra pas continuer longtemps ! »

Le déploiement massif des forces de sécurité et la violence de leur intervention choquent les observateurs. Boniface Mwabukusi, président de la Tanganyika Law Society et défenseur des droits de l’homme dans la région de Mbeya, n’hésite pas à qualifier la situation de « chaos ». « Des gens se sont fait tirer dessus à balles réelles par la police. Elle tire sur des gens sans défense, qui sont assis devant leur maison, ou qui circulent dans les rues. Des gens ont été arrêtés, frappés, et même tués », affirme-t-il.

Les bilans non officiels font état de plus d’une centaine de morts en seulement deux jours, avec de nombreux blessés. Face à cette escalade, le gouvernement reste silencieux, se contentant de renouveler ses messages encourageant le télétravail sans lancer le moindre appel au calme. Pire encore, le chef des armées Jacob Mkunda a qualifié les manifestants de « criminels » lors d’une déclaration à la télévision d’État, menaçant de « prendre des actions légales » contre eux.

Cette révolte était-elle prévisible ? Pour les analystes et défenseurs des droits de l’homme, les signes avant-coureurs ne manquaient pas. Boniface Mwabukusi explique : « Il y a beaucoup de motifs d’insatisfaction : l’absence d’accès à l’emploi, les kidnappings, les disparitions forcées… Tout cela sur fond d’impunité, avec une police qui n’a de compte à rendre à personne. »

La répression du régime de Samia Suluhu Hassan a même frappé en son sein, comme en témoigne l’enlèvement le 6 octobre dernier de Humphrey Polepole, ancien ambassadeur à Cuba et cadre du parti présidentiel qui s’était exprimé contre la trajectoire autoritaire de la présidente. Selon les organisations de défense des droits de l’homme, 55 disparitions forcées ont été enregistrées ces trois dernières semaines seulement.

Dans ce contexte explosif, les premiers résultats des élections présidentielle et législatives annoncés à la radio affichent une victoire écrasante de la présidente sortante. Dans certaines circonscriptions, Samia Suluhu Hassan aurait recueilli 100 000 voix contre seulement 69 pour l’opposition, des chiffres qui soulèvent de sérieux doutes quant à leur crédibilité.

Joseph Oleshangay, membre du Centre tanzanien pour les droits de l’homme, résume la situation : « La frustration est énorme. Non seulement tous les vrais opposants ont été empêchés de se présenter ou ont été emprisonnés, mais aujourd’hui, n’importe quel citoyen qui s’exprime finit derrière les barreaux. »

Les violences post-électorales en Tanzanie révèlent une fracture profonde entre un pouvoir de plus en plus autoritaire et une jeunesse désespérée. La communauté internationale observe avec inquiétude cette crise qui pourrait déstabiliser toute la région d’Afrique de l’Est. La question qui se pose désormais est simple : jusqu’où ira cette répression, et à quel prix pour la démocratie tanzanienne ?

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net

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