La scène se répète chaque matin dans les artères de Kindu et autres villes du Maniema : des élèves en uniforme attablés dans des bars ou restaurants alors que la cloche de l’école a déjà sonné. Un phénomène qui a poussé le ministre provincial de l’Éducation, Marungu Useni, à prendre une mesure radicale ce jeudi 30 octobre.
Comment en est-on arrivé à cette situation où l’absentéisme scolaire prend des proportions aussi alarmantes dans la province ? La réponse se trouve peut-être dans le constat amer dressé par l’autorité éducative. « Nous avons constaté que des élèves, au lieu de se rendre en classe après avoir quitté leurs domiciles, préfèrent se distraire dans des petits restaurants, des coins d’avenue ou des bars », déplore le ministre.
Le tableau décrit est pour le moins inquiétant : consommation d’alcool dès le matin, cigarettes, et même chanvre deviennent le quotidien de certains adolescents qui devraient normalement être assis sur les bancs de l’école à partir de 7h30. Cette situation interpelle-t-elle seulement les responsables éducatifs ou l’ensemble de la société congolaise ?
La mesure d’interdiction prise par le ministre Marungu Useni vise autant les élèves que les tenanciers d’établissements. « Nous mettons en garde tous les chefs d’établissement qui ne contrôlent pas les mouvements de leurs élèves pendant les heures de cours », a-t-il déclaré, pointant du doigt la responsabilité partagée dans ce phénomène d’absentéisme scolaire.
Mais au-delà de l’interdiction, ne faudrait-il pas s’interroger sur les causes profondes de cette désaffection des salles de classe ? La qualité de l’enseignement, les conditions d’apprentissage, ou encore l’attractivité des programmes scolaires mériteraient sans doute d’être examinées pour comprendre pourquoi certains jeunes préfèrent les salles enfumées des bars aux salles de cours.
Les services compétents de la province sont désormais mobilisés pour « traquer » les contrevenants, selon les termes du ministre. Une approche répressive qui, si elle peut avoir un effet dissuasif immédiat, soulève la question des solutions durables à mettre en place. Comment recréer l’attractivité de l’école face à la tentation des loisirs faciles ?
La discipline des élèves au Congo reste un défi majeur pour les autorités éducatives. Cette mesure du Maniema s’inscrit dans une série d’initiatives visant à restaurer l’autorité et le sérieux dans le système scolaire. Mais sa réussite dépendra largement de l’implication de tous les acteurs : parents, enseignants, responsables d’établissements et bien sûr, les élèves eux-mêmes.
Alors que le ministre a adressé une mise en garde ferme aux tenanciers de bars et restaurants qui accueillent des élèves en uniforme, se pose la question de l’efficacité réelle de telles mesures. L’expérience montre souvent que les jeunes trouvent des moyens de contourner les interdits. Ne serait-il pas plus judicieux de travailler sur la prévention et la sensibilisation ?
Cette situation dans le Maniema n’est malheureusement pas isolée en République Démocratique du Congo. Elle reflète une problématique plus large de déscolarisation et de déperdition scolaire qui touche plusieurs provinces. La réponse apportée par les autorités du Maniema sera-t-elle suffisante pour inverser la tendance ? L’avenir le dira, mais une chose est certaine : l’éducation des jeunes Congolais mérite mieux que des solutions temporaires.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net

