La course contre la montre est engagée. À deux semaines seulement de la COP30 au Brésil, les forêts du bassin du Congo, ce poumon vert vital pour l’équilibre climatique mondial, trouvent enfin leur voix unie. Kinshasa devient l’épicentre d’une mobilisation historique où la société civile de six pays africains forge son arme la plus précieuse : une position commune pour sauver ce qui reste de nos écosystèmes forestiers.
Comment expliquer cette urgence soudaine ? Les forêts congolaises étouffent sous la pression des exploitations abusives, tandis que les communautés locales, gardiennes ancestrales de ces trésors verts, voient leurs droits bafoués. La ministre Marie Nyange Ndambo lance un cri d’alarme qui résonne dans toute la région : « Nous devons passer du dialogue à l’action, il est plus que temps d’aller vers les actions concrètes. » Une prise de conscience tardive, mais salutaire.
La conférence climat de Kinshasa 2025 représente bien plus qu’une simple réunion préparatoire. Elle incarne le sursaut d’une région déterminée à ne plus être la grande oubliée des négociations internationales. Georges Milumbu de Greenpeace Afrique dénonce avec virulence le paradoxe insoutenable : « On demande au peuple africain de protéger davantage ses forêts alors qu’il est marginalisé dans les mécanismes de financement. » Une injustice climatique qui ne peut plus durer.
Les forêts du bassin Congo, deuxième massif forestier tropical mondial, jouent un rôle crucial dans la régulation du climat. Pourtant, elles continuent de se dégrader à un rythme alarmant. La déclaration de Kinshasa 2025 qui émergera de ces travaux ambitionne de corriger cette aberration. Elle portera la voix des oubliés du système : peuples autochtones, communautés locales, femmes et jeunes, ces premiers concernés par la protection des écosystèmes mais trop souvent exclus des décisions.
Saint Jérôme Sitamon, défenseur des populations pygmées en Centrafrique, rappelle une évidence : « La lutte contre le changement climatique doit être une affaire de tous. » Son plaidoyer rejoint celui des autres participants : il faut que la société civile puisse influencer les politiques forestières nationales. Les gouvernements comprendront-ils enfin que protéger les forêts signifie protéger l’humanité toute entière ?
Le mécanisme de financement des forêts constitue l’une des priorités absolues de cette mobilisation. Les pays du bassin du Congo exigent une réparation climatique juste. Après des siècles d’exploitation colonialiste, ils refusent de continuer à payer le prix fort pour des désordres climatiques dont ils sont les premières victimes, mais rarement les responsables.
La conférence climat de Kinshasa représente ainsi un tournant décisif. Elle prépare le terrain pour que la COP30 au Brésil ne soit pas une énième réunion de plus, mais bel et bien le moment où l’Afrique centrale fera entendre sa voix avec force et détermination. Le bassin du Congo, longtemps considéré comme le parent pauvre des négociations climatiques, se positionne en acteur incontournable de la solution.
Reste une question cruciale : cette unité affichée survivra-t-elle aux pressions économiques et politiques ? La déclaration de Kinshasa 2025 saura-t-elle résister aux lobbies qui convoitent les richesses forestières de la région ? L’histoire jugera. Mais une chose est certaine : le temps des discours est révolu, place maintenant à l’action concrète pour ces forêts en détresse qui n’attendent plus que des actes.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd

