L’industrie minière congolaise se trouve à un carrefour décisif alors que la IXᵉ édition de l’Alternance Mining Indaba bat son plein à Lubumbashi. Ce forum minier historique rassemble les principaux acteurs du secteur autour d’une question fondamentale : comment transformer la richesse du sous-sol en prospérité partagée pour les populations locales ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la RDC représente près de 70% de la production mondiale de cobalt et se classe parmi les premiers producteurs de cuivre africains. Pourtant, cette manne minière ne se traduit pas par une amélioration tangible des conditions de vie des communautés riveraines. Comment expliquer ce paradoxe congolais où l’abondance des ressources naturelles coexiste avec la précarité sociale ?
Claude Kabemba, directeur exécutif de SARW, dresse un constat sans appel lors de ce forum minier Lubumbashi. « Les impacts socio-économiques de l’exploitation minière créent une fracture alarmante entre les bénéfices extractifs et le développement local », affirme-t-il. Pollution environnementale, inégalités sociales croissantes, pauvreté persistante et manque d’accès aux services de base constituent le quotidien des populations vivant à l’ombre des sites miniers.
La gouvernance minière RDC fait l’objet d’une remise en question profonde. La représentante de la CENCO souligne l’impérieuse nécessité d’instaurer une traçabilité complète de la chaîne de valeur minière. « Où vont nos minerais stratégiques ? Qui en tire réellement profit ? Comment garantir que les revenus miniers bénéficient prioritairement aux communautés locales ? » Ces interrogations cruciales résonnent comme un leitmotiv tout au long des débats.
L’Alternance Mining Indaba se positionne comme un laboratoire d’idées pour repenser fondamentalement la relation entre exploitation minière et développement territorial. Les participants plaident pour un nouveau modèle de gouvernance minière intégrant systématiquement les préoccupations des communautés locales dans les processus décisionnels.
Les impacts socio-économiques des activités extractives interrogent la soutenabilité du modèle actuel. Claude Kabemba SARW insiste sur l’urgence de rompre avec une logique de simple plateforme d’extraction au service des économies étrangères. « La souveraineté minière passe par une meilleure captation de la valeur ajoutée et une redistribution équitable des richesses générées », explique-t-il.
La thématique centrale de ces assises – « Minerais stratégiques de la RDC : enjeux géopolitiques mondiaux et impacts socio-économiques locaux » – traduit cette volonté de concilier insertion dans les chaînes de valeur globales et développement endogène. Les participants explorent des mécanismes innovants de redevabilité et de transparence pour assurer que chaque dollar issu de l’exploitation minière contribue au bien-être des populations.
Quelles perspectives se dessinent pour l’après-forum ? La refonte de la gouvernance minière congolaise s’annonce comme un chantier complexe nécessitant l’engagement conjoint des pouvoirs publics, des entreprises minières et de la société civile. La réussite de cette transition vers un modèle plus équitable et durable constituera un test décisif pour l’avenir économique et social de la République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
