L’Assemblée provinciale du Kasaï Oriental traverse une période de turbulences politiques significatives, marquée par le dépôt ce mardi 28 octobre 2025 d’une motion de défiance visant le Gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo. Cette initiative, portée par le député Christian Ngandu au nom de sept de ses collègues, intervient dans un contexte particulièrement sensible, quelques jours seulement après la réhabilitation du chef de l’exécutif provincial. Le timing de cette manœuvre politique interroge sur les véritables motivations qui animent les initiateurs de cette procédure.
La motion de défiance contre le gouverneur Mbwebwa Kapo s’appuie principalement sur la gestion contestée des trois millions de dollars alloués à la province. Cette affaire financière, qui continue d’alimenter les débats dans l’espace public, soulève des interrogations légitimes sur les mécanismes de transparence et de reddition des comptes au sein de l’administration provinciale. Le député Ngandu, interrogé sur les raisons de son initiative, affirme agir exclusivement pour répondre aux doléances de ses électeurs, niant toute motivation personnelle. Mais peut-on véritablement croire à cette version des faits lorsque l’on connaît les réalités du jeu politique congolais ?
La situation actuelle au Kasaï Oriental révèle les profondes divisions qui traversent l’assemblée provinciale. D’un côté, certains observateurs perçoivent cette motion de défiance comme un acharnement injustifié contre le gouverneur, estimant que les députés initiateurs poursuivent des intérêts privés plutôt que l’intérêt général. De l’autre, des voix s’élèvent pour défendre le bien-fondé de cette démarche, rappelant avec force que le silence et l’impunité ne sauraient constituer des options acceptables dans le traitement de l’affaire des trois millions de dollars. Cette polarisation des positions illustre la complexité des enjeux de gouvernance dans cette province stratégique de la RDC.
Le gouverneur Jean-Paul Mbwebwa Kapo joue manifestement gros dans cette épreuve de force politique. Sa récente réhabilitation, qui aurait pu constituer un atout pour consolider sa position, se trouve aujourd’hui remise en cause par cette motion de défiance portée par Christian Ngandu et ses partenaires. L’échec de cette procédure pourrait renforcer durablement l’autorité du gouverneur, tandis que son succès fragiliserait non seulement sa majorité parlementaire mais aussi l’ensemble de l’édifice institutionnel provincial. La question qui se pose désormais est de savoir si les députés parviendront à rassembler une majorité suffisante pour faire aboutir leur initiative.
L’affaire des trois millions de dollars, au cœur de la motion de défiance contre le gouverneur du Kasaï Oriental, dépasse le simple cadre d’un différend politique local. Elle interroge plus fondamentalement sur l’efficacité des mécanismes de contrôle des finances publiques en République Démocratique du Congo. La capacité des institutions provinciales à garantir une gestion transparente des ressources publiques constitue un enjeu majeur pour la crédibilité de l’ensemble du système de décentralisation. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir politique de la province et pour la consolidation des pratiques démocratiques dans cette région clé du pays.
Alors que les tensions politiques s’accentuent au sein de l’assemblée provinciale du Kasaï Oriental, tous les regards se tournent vers les députés qui devront trancher ce différend institutionnel. La motion de défiance initiée par Christian Ngandu contre Jean-Paul Mbwebwa Kapo représente un test crucial pour la jeune démocratie congolaise. Sa résolution, qu’elle aboutisse ou non, enverra un signal fort sur la capacité des institutions congolaises à réguler les conflits politiques par les voies démocratiques. L’enjeu dépasse largement la simple personne du gouverneur pour concerner l’ensemble des équilibres politiques provinciaux et la crédibilité du processus de décentralisation en RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
