Le quartier Lac Vert à Goma est sous le choc. Ce matin, les habitants ont découvert le corps sans vie d’un enfant de 10 ans flottant sur les eaux du lac Kivu. Une scène insoutenable qui a plongé toute la communauté dans la consternation et ravivé les craintes concernant la sécurité autour de ce plan d’eau devenu de plus en plus menaçant.
« Nous ne pouvons plus continuer comme ça », nous confie Mama Espérance, une riveraine les larmes aux yeux. « Cet enfant, je le voyais tous les jours jouer avec mes propres enfants. Maintenant, nous devons vivre avec cette image terrible. Combien de vies faudra-t-il encore perdre avant que des mesures concrètes soient prises ? »
Face à cette tragédie, Dedesi Mitima, le chef du quartier Lac Vert, a lancé un appel urgent aux parents. « J’en appelle à la responsabilité de chaque parent : interdisez à vos enfants de s’approcher du lac Kivu pour jouer. La situation devient incontrôlable et nous déplorons trop de victimes. »
Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Il y a à peine trois semaines, le corps d’un jeune de 19 ans avait été retrouvé dans des circonstances similaires. La répétition de ces drames interpelle sur les réels dangers que représente le lac Kivu pour les populations riveraines, particulièrement dans les quartiers précaires comme Lac Vert.
« Le problème, c’est que beaucoup d’enfants considèrent le lac comme leur terrain de jeu », explique Jean-Paul, un pêcheur local. « Ils ne mesurent pas les risques. Les courants peuvent être traîtres, et il n’y a aucune zone sécurisée pour la baignade. »
Les circonstances exactes de cette dernière noyade restent floues. L’enfant s’est-il aventuré trop loin ? A-t-il été surpris par un courant ? Les autorités locales mènent l’enquête, mais dans ce quartier populaire de Goma, les moyens manquent cruellement pour assurer une surveillance efficace des berges.
La question de la sécurité autour du lac Kivu se pose avec acuité. Alors que des investissements importants sont consentis pour le développement touristique de la région, les populations locales, elles, continuent de payer un lourd tribut. L’absence de dispositifs de sécurité, de sauveteurs formés ou simplement de barrières de protection transforme le lac en piège mortel.
« Nous sommes face à un véritable problème de sécurité publique », analyse un travailleur social de la zone. « Les enfants jouent au bord de l’eau parce qu’ils n’ont pas d’autres espaces de jeu. Les familles sont concentrées sur leur survie quotidienne et ne peuvent pas surveiller en permanence leurs enfants. »
Cette tragédie met en lumière les inégalités d’accès aux loisirs sécurisés dans la ville de Goma. Tandis que certains quartiers bénéficient d’infrastructures récréatives, d’autres doivent composer avec les dangers naturels. La noyade dans le lac Kivu devient ainsi le symptôme d’une fracture sociale plus large.
Que faire face à cette situation d’urgence ? Au-delà des appels à la prudence, des solutions concrètes doivent être envisagées. La mise en place de zones de baignade surveillées, l’installation de barrières de protection, des campagnes de sensibilisation dans les écoles, ou encore la création d’espaces de jeux alternatifs pourraient sauver des vies.
En attendant, le quartier Lac Vert pleure son enfant. Une mère éplorée, des camarades de jeu traumatisés, une communauté en deuil. Le lac Kivu, avec ses eaux apparemment calmes, continue de cacher ses dangers mortels. Combien d’autres familles devront-elles vivre ce cauchemar avant que des actions décisives ne soient entreprises pour sécuriser ces berges devenues si meurtrières ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
