Le combat contre l’épidémie d’Ebola dans la province du Kasaï franchit une étape déterminante alors que Médecins Sans Frontières a officiellement transféré la gestion du Centre de Traitement Ebola de Bulape aux autorités sanitaires congolaises. Cette transition stratégique intervient à un moment crucial où la région enregistre une baisse significative des cas confirmés, laissant entrevoir la fin prochaine de cette 16ᵉ épidémie qui a frappé la République Démocratique du Congo.
Comment cette passation de responsabilités s’est-elle concrétisée ? Le processus s’est déroulé de manière méthodique, avec un remplacement progressif du personnel soignant. Les équipes du ministère de la Santé ont pris le relais des spécialistes de MSF, bénéficiant d’un appui financier de l’organisation humanitaire pendant deux semaines pour assurer une transition en douceur. L’ensemble des infrastructures, équipements médicaux et médicaments utilisés durant l’intervention d’urgence ont été officiellement remis aux autorités sanitaires nationales.
La docteure Maria Mashako, coordinatrice médicale de MSF à Kinshasa, se montre optimiste : « Au vu de cette évolution positive, nous avons pu mettre fin à notre intervention d’urgence à Bulape et laisser le ministère de la Santé prendre le relais. Cette collaboration étroite entre les autorités, l’OMS et la communauté locale a été déterminante dans la réussite de notre mission. »
Quels sont les chiffres qui marquent le bilan de cette épidémie ? Selon les données compilées par les différentes organisations sanitaires, 64 cas ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie, dont 53 confirmés et 11 probables. Le bilan humain fait état de 45 décès, tandis que 19 patients ont pu guérir grâce aux soins intensifs prodigués au centre de traitement de Bulape. Ces chiffres, bien que préoccupants, montrent l’efficacité de la prise en charge médicale mise en place.
Le dernier patient confirmé d’Ebola a quitté le centre le 19 octobre dernier, déclenchant ainsi le compte à rebours réglementaire de 42 jours avant la déclaration officielle de la fin de l’épidémie. Cette période d’observation, correspondant à deux fois la durée maximale d’incubation du virus, représente une étape cruciale dans le processus de certification de la fin de l’épidémie. Si aucun nouveau cas n’est confirmé d’ici le 30 novembre, l’OMS pourra officiellement déclarer cette 16ᵉ épidémie d’Ebola terminée.
Quelles ont été les actions menées par MSF depuis le début de cette crise sanitaire ? Dès la déclaration officielle de l’épidémie le 4 septembre, les équipes de MSF se sont mobilisées en coordination avec le Centre des opérations d’urgence sanitaire et l’OMS. Leur intervention a débuté par un soutien à l’hôpital général de Bulape, suivi de la construction d’un centre de traitement spécifiquement adapté à la prise en charge des malades d’Ebola. Parallèlement, des activités de sensibilisation communautaire ont été menées pour informer les populations sur les mesures de prévention, tandis qu’un centre de transit pour patients suspects était établi à Mpianga.
La réussite de cette intervention démontre l’importance d’une coordination efficace entre les acteurs humanitaires, le gouvernement et les communautés locales face aux urgences sanitaires. Malgré les difficultés d’accès caractéristiques de cette zone rurale, les équipes ont réussi à mettre en place un centre de traitement de 32 lits, équipé d’un module de soins intensifs spécialisé dans les maladies infectieuses.
Quelles leçons peut-on tirer de cette expérience pour les futures épidémies ? Cette intervention renforce l’importance d’une réponse rapide et coordonnée, combinant expertise médicale internationale et connaissance du terrain local. L’engagement de MSF reste entier, l’organisation se déclarant prête à soutenir à nouveau les autorités congolaises si la situation épidémiologique venait à évoluer défavorablement.
Alors que l’OMS estime que l’épidémie pourrait être déclarée terminée début décembre 2025, cette transition marque un tournant dans la gestion sanitaire de la région. La vigilance reste cependant de mise, et la communauté internationale continue de monitorer étroitement la situation pour prévenir toute résurgence du virus.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
