Le comité de monitoring des violations des droits humains commises par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a officiellement repris ses activités après cinq années complètes de suspension. Cette structure cruciale, dont la relance intervient dans un contexte marqué par des accusations récurrentes d’abus et d’impunité des militaires, a tenu sa séance inaugurale sous la présidence du général Joseph Mugisa, commandant du secteur Sokola 1 Grand Nord des FARDC.
La réunion de relance a rassemblé un panel diversifié d’acteurs impliqués dans la protection des droits fondamentaux : autorités militaires de différents échelons, représentants de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO), experts du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH), l’auditeur militaire de Beni, des délégués de la société civile locale et plusieurs agences humanitaires opérationnelles dans la région. Cette composition plurielle témoigne de la volonté affichée d’aborder le problème sous tous ses angles.
Les participants ont convenu de la nécessité impérative de renforcer la sensibilisation des troupes déployées sur le terrain, particulièrement dans les zones de conflit où les violations des droits humains sont les plus fréquemment documentées. Comment combattre efficacement l’impunité dont bénéficieraient certains éléments des FARDC ? La réponse réside notamment dans l’instauration d’un suivi régulier et rigoureux, capable de prévenir les abus avant qu’ils ne se produisent et de documenter ceux qui surviennent malgré les mesures préventives.
Le général Mugisa a fermement affirmé que l’engagement renouvelé des FARDC dans ce processus démontre la détermination de l’institution militaire à respecter la dignité et les droits fondamentaux des citoyens congolais. « La participation active des FARDC témoigne d’un engagement renouvelé de l’armée », a-t-il déclaré, sans toutefois préciser les mécanismes concrets qui seront mis en œuvre pour sanctionner les auteurs de violations avérées.
Les statistiques récentes publiées par le BCNUDH confirment l’urgence d’une telle initiative. Au cours du seul mois de juillet 2025, pas moins de 535 cas de violations et atteintes aux droits humains ont été documentés sur l’ensemble du territoire congolais. Parmi ces chiffres alarmants, 87% des incidents sont survenus dans des zones en proie à des conflits armés, avec une responsabilité partagée entre différents acteurs mais impliquant significativement les militaires des FARDC.
Le rapport détaillé du BCNUDH attribue 70 cas spécifiques aux éléments des Forces armées congolaises, un nombre qui dépasse celui imputé aux combattants Wazalendo (38 cas) mais reste inférieur aux exactions commises par les rebelles de l’AFC/M23 (234 cas). La Police nationale congolaise est quant à elle mise en cause dans 48 violations documentées. Ces données soulèvent une question fondamentale : comment expliquer que des institutions censées protéger la population soient impliquées dans de telles violations ?
La problématique des violences sexuelles dans le contexte des conflits a été identifiée comme une priorité absolue par les membres du comité relancé. Ces crimes, particulièrement traumatisants pour les victimes et destructeurs pour le tissu social, nécessitent une approche spécifique combinant prévention, protection des survivantes et poursuite judiciaire systématique des auteurs. Le comité devra développer des protocoles d’intervention rapide pour ces situations critiques.
La mise en place effective d’un monitoring régulier sur le terrain constitue le principal défi opérationnel qui attend désormais les membres de cette structure. Quel degré d’indépendance sera accordé aux observateurs ? Quelles garanties seront offertes aux victimes et témoins qui souhaiteraient signaler des abus sans craindre des représailles ? Autant de questions auxquelles le comité devra apporter des réponses concrètes dans les semaines à venir.
La crédibilité de cette initiative dépendra largement de sa capacité à produire des résultats tangibles en matière de réduction des violations des droits humains et de lutte contre l’impunité des militaires. Les prochains rapports du BCNUDH permettront d’évaluer l’efficacité réelle de ce mécanisme de contrôle ressuscité après cinq années d’inactivité. La société civile congolaise et la communauté internationale observeront avec attention l’évolution de la situation sur le terrain.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
