Imaginez devoir parcourir des kilomètres chaque jour pour trouver de l’eau potable, tandis que sous vos pieds, des conduites endommagées laissent s’échapper le précieux liquide. C’est le quotidien de milliers de Kinois qui subissent les conséquences d’un conflit opposant la REGIDESO aux entreprises de construction de routes.
Jean-Bosco Mwaka, directeur général adjoint de la REGIDESO, ne cache pas son amertume. « Sur les 56 sites concernés, nous avons établi des devis pour la réhabilitation. Cela fait maintenant plus de trois mois qu’un devis de 56 000 dollars n’a pas été payé. Et les habitants de cette zone ne sont toujours pas connectés au réseau de distribution d’eau de la REGIDESO. Pourquoi ? À cause des travaux », déplore-t-il.
La situation devient critique dans plusieurs communes de la capitale. Barumbu, Ngiri-Ngiri, Lingwala, Kinshasa et certains quartiers de la Gombe sont particulièrement touchés par cette crise de l’eau potable qui dure depuis des mois. Comment expliquer que des travaux de construction puissent paralyser l’accès à une ressource aussi vitale ?
Les entreprises de construction, à l’exception notable de l’Office des voiries et drainage (OVD), sont pointées du doigt. Elles détruiraient régulièrement les conduites d’eau sans prendre la précaution d’informer la REGIDESO au préalable. Une négligence qui coûte cher aux abonnés et à l’entreprise publique.
Le cas de la cité Pumbu est particulièrement emblematic. Les habitants de cette zone attendent toujours que les réparations soient effectuées, tandis que la REGIDESO ne peut intervenir sans le règlement des devis établis. Comment des entreprises peuvent-elles ainsi bloquer l’accès à l’eau potable pour des populations entières ?
Face à cette impasse, la REGIDESO lance un double appel. Aux entreprises d’abord, pour qu’elles assument leurs responsabilités et procèdent au paiement des travaux de réparation. Aux abonnés ensuite, pour qu’ils deviennent les gardiens des installations hydrauliques. Car protéger ces infrastructures, c’est assurer son propre accès à l’eau.
Malgré ces difficultés, la REGIDESO continue ses efforts d’expansion. Les branchements sociaux se poursuivent dans la quasi-totalité des communes de Kinshasa. Pour 50 dollars américains, tout citoyen peut devenir abonné. Une lueur d’espoir dans un contexte où les problèmes d’accès à l’eau potable restent préoccupants.
Cette situation pose des questions fondamentales sur la coordination entre les différents acteurs du développement urbain. Comment concilier les impératifs de construction routière avec la préservation des infrastructures essentielles ? La destruction répétée des conduites d’eau à Kinshasa révèle un problème de gouvernance qui dépasse la simple question technique.
Les conséquences pour les populations sont tangibles : temps perdu à la recherche d’eau, dépenses supplémentaires pour s’approvisionner, risques sanitaires accrus. Autant de fardeaux qui pèsent sur des familles déjà confrontées à d’autres difficultés quotidiennes.
La crise des conduites d’eau détruites à Kinshasa soulève ainsi une question plus large : jusqu’à quand les Kinois devront-ils payer le prix du manque de coordination entre les services publics et les entreprises de construction ? L’accès à l’eau potable, droit fondamental, ne devrait-il pas primer sur toute autre considération ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
