Le Programme national du développement agricole (PNDA) a lancé une initiative stratégique visant à restructurer en profondeur le secteur semencier de la province du Kasaï-Central. Cet atelier de formation de deux jours, démarré lundi 27 octobre à Kananga, représente un investissement crucial dans le capital humain agricole de la région, avec des retombées potentielles sur l’ensemble de la chaîne de valeur alimentaire.
Comment transformer le secteur agricole congolais sans s’attaquer à la question fondamentale des semences ? Le PNDA répond à cette interrogation en ciblant spécifiquement les agri-multiplicateurs et les compagnies semencières locales. La formation réunit des acteurs clés venus des cinq territoires de la province ainsi que de l’hinterland de Kananga, créant ainsi une plateforme d’échange unique pour harmoniser les pratiques et mutualiser les expertises.
L’analyse économique de cette initiative révèle une approche systémique : en renforçant la chaîne de production des semences, le programme touche à la racine même de la productivité agricole. Les semences représentent le premier maillon de la chaîne alimentaire, et leur qualité détermine directement le rendement des cultures. Dans un contexte où la République Démocratique du Congo importe encore une part significative de ses denrées alimentaires, cette démarche s’inscrit dans une logique de souveraineté alimentaire nationale.
M. Bamba, représentant du directeur régional Afrique centrale du PNDA, a souligné lors de son allocution l’importance capitale de cette synergie d’acteurs. « La construction d’un système semencier performant et adapté aux réalités locales n’est pas une option, mais une nécessité impérieuse pour assurer la sécurité alimentaire de nos populations », a-t-il déclaré. Cette vision s’aligne parfaitement avec les objectifs du gouvernement visant à réduire la dépendance alimentaire extérieure.
Les enjeux économiques de cet atelier PNDA dépassent largement le cadre de la simple formation. En professionnalisant les producteurs de semences et en renforçant les capacités des compagnies semencières locales, le programme crée les conditions d’une véritable révolution agricole dans le Kasaï-Central. La province pourrait ainsi devenir un pôle de référence en matière de production semencière, générant des revenus supplémentaires pour les agriculteurs et créant des emplois dans les filières connexes.
L’identification des contraintes majeures du secteur semencier local constitue un autre volet essentiel de cet atelier. Les participants travaillent à cartographier les obstacles techniques, logistiques et financiers qui entravent le développement d’une industrie semencière compétitive. Cette analyse diagnostique permettra de définir des actions correctives ciblées et d’optimiser l’allocation des ressources disponibles.
Sur le plan macroéconomique, l’investissement dans le secteur semencier représente un multiplicateur de croissance particulièrement efficace. Chaque franc congolais investi dans l’amélioration des semences peut générer jusqu’à dix francs de valeur ajoutée dans l’ensemble de la chaîne agricole. Cette dynamique vertueuse contribue directement à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie en milieu rural.
La question se pose naturellement : quel impact concret cet atelier peut-il avoir sur la sécurité alimentaire de la région ? Les organisateurs tablent sur une augmentation significative des rendements agricoles dans les prochaines campagnes, grâce à la diffusion de semences de qualité supérieure et à l’adoption de pratiques culturales optimisées. Cette amélioration de la productivité se traduira par une meilleure disponibilité des denrées alimentaires sur les marchés locaux et une stabilisation des prix à la consommation.
Le développement agricole en République Démocratique du Congo passe nécessairement par la modernisation de son secteur semencier. L’initiative du PNDA au Kasaï-Central s’inscrit dans cette perspective à long terme, jetant les bases d’une agriculture plus résiliente et plus compétitive. Les retombées de cette formation devraient s’étendre bien au-delà des seuls participants, bénéficiant à l’ensemble des acteurs de la filière agricole provinciale.
À l’heure où les défis alimentaires s’accentuent sous l’effet combiné de la croissance démographique et des changements climatiques, la professionnalisation des agri-multiplicateurs apparaît comme une stratégie gagnante pour garantir la sécurité nutritionnelle des populations. Le succès de cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres provinces congolaises, contribuant ainsi à la mise en œuvre effective de la politique nationale de développement agricole.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
