Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, a déclenché une onde de choc dans l’écosystème économique congolais en saisissant officiellement la justice contre un réseau présumé de fraude massive de ciment. Cette décision intervient dans un contexte où le gouvernement tente de redresser le secteur de la construction, considéré comme un pilier essentiel du développement national.
Quels sont les mécanismes de cette fraude qui échappe aux radars douaniers ? Selon les informations confirmées par le ministère, le ciment de marque Dangote Cement serait introduit illégalement via les ports Linda, avec la complicité présumée du transporteur Bouming, également connu sous le nom de Scibois SPL. Cette découverte soulève des questions fondamentales sur l’efficacité des contrôles aux frontières et la résilience des circuits informels qui parasitent l’économie formelle.
L’impact économique de cette fraude du ciment à Kinshasa dépasse largement le simple manque à gagner fiscal. En effet, chaque sac de ciment frauduleusement introduit représente un coup porté à la production locale et une distorsion de concurrence préjudiciable aux acteurs légaux. Le ministre Paluku a particulièrement insisté sur cet aspect, soulignant que ces pratiques illégales sapent les efforts gouvernementaux pour créer un environnement économique sain et équitable.
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Outre la saisine du procureur général près le Tribunal de grande instance de Kinkole, Julien Paluku a simultanément interpellé le Directeur général de la Société d’exploitation du Guichet Unique Intégral du Commerce Extérieur (SEGUCE). Cette double action démontre la détermination des autorités à traiter le problème à la racine, en combinant répression judiciaire et renforcement des mécanismes de contrôle.
La zone de Maluku, épicentre de cette affaire de fraude douanière, devient ainsi le théâtre d’une bataille cruciale pour l’assainissement du commerce extérieur en RDC. Les mesures demandées au SEGUCE sont sans ambiguïté : identification immédiate des circuits frauduleux, renforcement des contrôles aux points d’entrée et mise en place d’un suivi rigoureux pour prévenir toute récidive. Cette approche multidimensionnelle témoigne d’une prise de conscience accrue des enjeux économiques stratégiques.
L’enquête demandée par Julien Paluku sur la fraude du ciment Dangote pourrait marquer un tournant dans la politique commerciale congolaise. Au-delà du cas spécifique, c’est tout le système de régulation du commerce extérieur qui est mis à l’épreuve. Les conclusions de cette investigation pourraient conduire à une refonte profonde des procédures de contrôle et à un rééquilibrage des relations commerciales internationales de la RDC.
Dans un marché du ciment en pleine transformation, où les producteurs locaux tentent de gagner des parts de marché, la tolérance zéro affichée par le gouvernement envoie un signal fort aux investisseurs. La lutte contre la contrebande du ciment Dangote n’est pas qu’une question de régularité administrative ; elle engage la crédibilité économique du pays et sa capacité à protéger son tissu productif naissant.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour mesurer l’impact réel de cette initiative du ministre du Commerce extérieur. L’efficacité de la répression, la fermeté des sanctions et la pérennité des mesures correctives constitueront autant d’indicateurs de la volonté politique réelle de assainir définitivement le secteur. La balle est désormais dans le camp de la justice et des administrations concernées.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
